TOUT EST DIT

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jeudi 19 mai 2011

Le scénario d'une restructuration de la dette grecque se précise

Le Premier ministre du Luxembourg a jugé ce mardi que la Grèce pourrait finalement être contrainte de restructurer sa dette. Jean-Claude Juncker, qui préside également l'Eurogroupe, penche pour une "restructuration douce".

Jean-Claude Juncker n'est pas homme à parler à la légère. Or ce mardi, le Premier ministre luxembourgeois a, en marge de la réunion des ministres des Finances de l'UE, laissé clairement entendre que le scénario d'une restructuration de la dette grecque devenait, à ses yeux, assez vraisemblable. "Si la Grèce fait tous ces efforts, alors nous devons voir s'il est possible de réaliser une restructuration douce pour la Grèce. Je suis totalement opposé à une restructuration majeure" a-t-il affirmé.
Les efforts mentionnés par Jean-Claude Juncker seraient la mise en oeuvre complète des réformes structurelles auxquelles Athènes s'est engagé lors de l'octroi d'un plan d'aide de 110 milliards d'euros en mai 2010 et une nouvelle série de mesures qui seraient annoncée dans les prochains jours. Les autorités grecques devront par ailleurs préciser très rapidement la nature et le calendrier de leur programme de privatisations de 50 milliards d'euros annoncé en début d'année.
Les propos du Président de l'Eurogroupe constituent un virage à 180 degrés dans le traitement de la crise grecque, mais plusieurs autres ministres européens se sont montrés plus réservés sur le sujet.  Christine Lagarde, la ministre française de l'Economie, a notamment indiqué qu'un rééchelonnement de la dette était exclu s'il s'apparentait à un "événement de crédit". "Toute restructuration ou rééchelonnement qui constitueraient un défaut, ce qu'on appelle un événement de crédit, est hors de question", avait-elle insisté lundi soir.
Ce mardi, plusieurs diplomates ont par ailleurs indiqué que Jean-Claude Juncker était allé trop loin en employant le mot "restructuration", d'autant que des discussions à ce sujet n'ont pas encore vraiment eu lieu. Lors de la conférence de presse finale de l'Ecofin, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn a d'ailleurs tenu à préciser que seul un "reprofilage" pourrait être envisagé.
"Si une restructuration de la dette ne fait pas partie des options, une initiative qui aurait pour but de maintenir l'exposition des investisseurs privés à la Grèce est possible", a-t-il déclaré. "Dans ce contexte, un allongement volontaire des maturités des créances, aussi appelé 'reprofilage' ou rééchelonnement volontaire, pourrait être examiné", a-t-il poursuivi.
70% de la dette est détenue à l'étranger
Quel que soit le scénario retenu par les responsables de la zone euro, les analystes estiment qu'il ne s'agit qu'une question de temps avant que la décision ne soit prise. Ils considèrent toutefois qu'il y a une différence importante entre une restructuration forcée impliquant une perte de valeur pour les créanciers et un rééchelonnement volontaire de la dette n'impliquant pas d'"événement de crédit" déclenchant le paiement de contrats d'assurance détenus sur la dette.
Les répercussions pourraient toutefois être de grande ampleur alors qu'environ 70% de la dette grecque est détenue à l'étranger, principalement par les banques françaises, allemandes et américaines, ainsi que par la Banque centrale européenne, qui est vivement opposée à cette perspective. Une restructuration de la dette grecque pourrait aussi immédiatement inciter les marchés à mettre la pression sur l'Irlande et le Portugal, qui bénéficient eux-aussi d'un plan d'aide international afin de réorganiser leurs finances publiques.

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