jeudi 19 mai 2011
Aux États-Unis, le casse-tête de la dette
Ces jours-ci, les États-Unis feront officiellement faillite ! Cela ne changera rien dans l'immédiat parce que, comme chacun de nous lorsque nous atteignons la limite des crédits permis par notre carte bleue, le Trésor va repousser les échéances, prenant de l'argent dans d'autres paniers. L'agence de notation qui a tiré la sonnette d'alarme sur la situation américaine l'a fait, non à cause de la dette elle-même, mais de l'incapacité de la classe politique à s'attaquer au problème. Il faut distinguer entre la dette nationale et le déficit budgétaire, bien qu'ils soient reliés.
Depuis 1917, au moment où les États-Unis décident de participer à la Première Guerre mondiale, le Congrès a fixé une limite à la dette nationale, façon de réaffirmer la responsabilité du Président devant les représentants du peuple. Or, le pays est actuellement engagé dans deux, voire trois guerres. Cette fois, le Parti républicain menace de refuser d'augmenter le plafond de la dette si le Président et son Parti démocrate qui contrôle le Sénat n'acceptent pas des coupes drastiques dans les dépenses courantes. Leur argument est que le poids de la dette ruinera le pays dont hériteront nos enfants.
Comment est-on arrivé à cette extrémité ? Quand Bill Clinton a quitté le pouvoir, au début de 2001, le budget montrait un surplus de 230 milliards de dollars, et la dette nationale avait été réduite de 360 milliards. La direction s'est inversée sous George W. Bush, qui fit voter deux réductions massives des impôts. Dans la foulée du 11-Septembre 2001, il avait aussi augmenté massivement le budget de la défense, avant d'engager le pays en Afghanistan et d'envahir l'Irak. S'ajoutèrent, en 2008, le coût du premier sauvetage de l'économie, puis les mesures prises sous la présidence Obama.
Le Parti républicain joue sur la peur d'une faillite pour remettre en question la réforme du système de santé votée par les démocrates en 2010. Mais ce n'est qu'un début. Le budget qu'ils proposent pour 2012 entamerait la législation sociale votée sous Roosevelt pendant la Grande Dépression et étendue sous Kennedy et Johnson pendant les années 1960.
Le Président, et son parti au Sénat, résistent aux coupes trop dures. Ils sont d'accord avec les républicains sur le danger d'une dette excessive, mais ils soulignent que ceux-ci veulent attaquer le système social dans son ensemble. Les démocrates veulent des investissements pour l'avenir. Or investir, c'est dépenser, disent les républicains ! Mais, répondent les démocrates, la dette diminuera avec la croissance économique qui apportera de nouveaux revenus fiscaux.
Le débat devient âpre, mais chacun oublie que le déficit annuel aussi bien que la dette nationale peuvent être réduits par une augmentation des impôts. Pourquoi ? Parce que chaque Américain croit au fond de son coeur qu'un jour il sera riche. Et il ne voudrait pas payer des impôts pour soutenir un gouvernement fainéant ! En attendant, on va voir comment réagiront les marchés. Peut-être la pression imposée par la limite légale de la dette contraindra les partis à la négociation. Dans ce cas, on peut imaginer un compromis qui éliminera des niches fiscales sans augmenter le barème individuel de l'impôt. Mais cela ne sera qu'une façon de reculer les échéances.
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