Pour le quotidien économique, 4 sorties de la crise grecque sont possibles :
- de nouveaux prêts pour permettre à la Grèce de renouer avec la croissance, c’est-à-dire la poursuite de la même politique, un scénario jugé irréaliste par les économistes ;
- une “restructuration douce” où les créanciers accordent volontairement un plus long délai de remboursement et des intérêts moins élevés ;
- une restructuration plus dure de la dette, par laquelle une partie des créances est effacée ;
- la sortie de la zone euro.
Pour les créanciers, le compte à rebours vers une participation à une restructuration, et donc à des pertes, est lancé, assure le Handelsblatt. Le gouvernement allemand aurait même commencé à s’entretenir avec les banques, les assurances et autres fonds détenant des obligations grecques.
En interne, la Deutsche Bank a accepté de renoncer à ses créances à hauteur de 20 à 30% [...] et s’est préparée à des pertes. [...] Mais cette restructuration light – il n’y a pas de consensus entre Etats membres pour procéder de manière plus radicale – n’est qu’un pas intermédiaire vers des mesures plus dures. Il n’y presque plus d’économistes pour recommander l’effacement partiel de la dette.Incertaine, la situation actuelle constitue un "test de patience pour les investisseurs", remarque de son côté le Financial Times Deutschland. Mais pour l’autre grand quotidien économique allemand, le plan de restructuration "douce" de la dette a échoué avant même d’avoir été adopté.
La prolongation du délai de remboursement ne peut pas résoudre les problèmes du pays. Pour cela le soulagement [financier ] est trop faible. On ne peut pas attendre grand-chose des Grecs. Même si le gouvernement aime affirmer lors de ses visites à Berlin et Bruxelles qu’il veut économiser plus, il n’y réussira guère. Plus que sur les Grecs, il faudrait alors compter sur le reste des Européens – et surtout sur l’Allemagne. Ce n'est que si ces derniers affirment clairement qu’ils prennent au sérieux le sauvetage de la Grèce et qu’ils rejettent une 'restructuration dure’ que les investisseurs auront de nouveau confiance dans le débiteur grec sur les marchés financiers. Pour cela, il faut aussi de nouveaux prêts, mais surtout pas d’intérêts élevés.A Athènes, ces discussions sont observées avec inquiétude. Ta Nea évoque en Une "les jeux européens pour le consentement". Car l'UE exige que les conservateurs, le principal parti d'opposition, accepte les mesures de rigueur avant d'octroyer un nouveau prêt de 50 à 60 milliards d’euros. "Bruxelles joue avec le feu", considère l'éditorialiste Giorgos Papachristos.
Pour la première fois le président de l’Eurogroupe [Jean-Claude Juncker] parle d’un éventuel rééchelonnement de la dette, mais avant cela, il faut des mesures, plus de privatisations et surtout un consentement. Le consentement de l’opposition conservatrice. En accentuant la pression sur la nécessité d’un consentement de la classe politique, Bruxelles en fait une condition. Mais en cas d’échec, nous aurons des élections législatives anticipées.Vu de Londres, il est pourtant urgent de trouver une solution. Car la Grèce, estime The Guardian, pourrait être "le prochain Lehman Brothers", la banque dont la faillite en 2008 déclencha la crise financière. Le journaliste Larry Ellliot voit deux manière de procéder :
La première est de transformer l’union monétaire en union politique, et de créer les mécanismes budgétaires pour transférer les ressources dans un espace fiscal unique. Cela satisferait l’ambition des concepteurs de l’euro et admettrait que l’actuel compromis est par nature instable. La seconde serait d’admettre la défaite en annonçant des plans prudemment élaborés pour une Europe à deux vitesses, dont la partie périphérique serait liée au noyau par des taux de changes fixes mais ajustables. Aucune de ces options ne semble probable, même si la chute de Lehman montre les limites du bricolage actuel. L’avenir de la zone euro ne sera pas décidé à Athènes ou Lisbonne mais à Paris et en Allemagne. Les deux poids lourds ont investi des tonnes de capital politique dans "le Projet" et insistent pour qu’ils n’y ait ni faillite ni sortie du club.A Madrid, El País note que :
Le paradoxe de l’ajustement fiscal qui tourmente la Grèce et angoissera probablement l’Irlande : la rigueur fiscale exigée réduit la possibilité de croissance et donc limite les possibilités de remboursement de la dette des pays sauvés. Il n'y a qu'une sortie à cette impasse : une forte réduction des salaires réels dans les pays sauvés qui doit accompagner les ajustements et les réformes. Bruxelles redoute que la Grèce ne soit l’avant-garde de ce qui peut arriver à l’Irlande et au Portugal. Mais ce qui est certain, c’est que Berlin et Paris ne peuvent accepter l’échec du sauvetage grec. Ce serait un précédent démoralisateur. Et pour cette raison, ils commencent à se montrer 'compréhensifs' envers un plan additionnel de sauvetage de la Grèce.Mais à Amsterdam, le juriste et historien Thierry Baudet et l'économiste David Hollanders rappellent dans le Volkskrant que :
La plupart des citoyens néerlandais, allemands, britanniques et finlandais – ce qui n’est pas complètement négligeable – ne croient pas vraiment à la solvabilité des Grecs. (…) Pour éviter des crises de ce genre à l’avenir, il faudrait, comme l’a écrit [l'économiste néerlandais] Harrie Verbon, envisager une ‘instance puissante’ pour imposer une discipline budgétaire. (…) Petit à petit, nous nous dirigeons vers des Etats-Unis européens. Est-ce bien ça ce que nous voulons ? Si c’est le prix à payer pour une monnaie unique, il est peut-être trop élevé.
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