La venue de Dominique Strauss-Kahn en Haute-Savoie, en 1986, avait tout d’un parachutage en règle. « Mis à part ma passion pour le ski, je n’ai aucune attache en Haute-Savoie » disait-il lui-même.
Ce qui ne l’a pas empêché de réussir l’atterrissage. L’homme, alors âgé de 36 ans et déjà père de cinq enfants, est élu aux législatives avec 17,43 %. Voilà trente ans que le département n’avait eu aucun député socialiste.
Un cadeau empoisonné
Précautionneux, il avançait dès mars 1985. « La Haute-Savoie est un département présentant l’avantage d’avoir, du fait de la proportionnelle, un siège de plus. Donc, j’ai la certitude de ne pas prendre la place de quelqu’un. Certes c’est un endroit possible pour implanter un ministre ou un dirigeant mais ma candidature, reconnue par le PS au niveau national, a été soumise au vote des militants responsables du courant mitterrandiste… » Il devait déjà pressentir que le cadeau était empoisonné.Cette venue surprise va effectivement semer le chaos entre la fédération départementale et les instances nationales. Car la fédération avait déjà nommé un candidat en la personne du maire d’Annemasse, Robert Borrel. Jospin impose le sien. Une véritable explosion dans la famille socialiste, dont elle parle encore 25 ans après. Robert Borrel quitte le parti et crée même une liste dissidente. L’évincé n’a toujours pas réintégré le PS.
Quant à la campagne menée par Dominique Strauss-Kahn, elle est musclée. “Il organise de nombreuses réunions type tupperware” écrit un journaliste de l’Express en janvier 1986.
Gabriel Grandjacques, alors premier secrétaire fédéral, se souvient qu’il avait loué une maison vers Menthon-Saint-Bernard pour être plus proche des Haut-Savoyards. Jean Excoffier, alors simple membre du PS (et qui lui a ouvert sa table), dit qu’il « couchait à l’hôtel. »
Au-delà des anecdotes, tous gardent le souvenir d’un homme politique particulièrement brillant notamment en économie. « Il concoctait des réponses percutantes… le temps d’allumer une cigarette » se souvient Gabriel Grandjacques.
En revanche, peu lui pardonnent encore aujourd’hui de s’être investi durant deux ans pour le département et d’être ensuite parti pour Sarcelles, aussi vite qu’il était arrivé. Ville ou il s’est fait élire maire mais seulement au bout de la troisième tentative. Au parti, plus d’un a vécu ce départ comme un abandon.
Il avait skié avec Lionel Jospin… en costume de ville
Dominique Strauss-Kahn avait un bureau rue Carnot et le soutien sans faille d’un jeune attaché parlementaire, Jacques Langlade.Désormais directeur de cabinet de la communauté de communes du Val de France, l’homme est resté en lien avec Dominique Strauss-Kahn. Et avance que le président du FMI se souvenait, de temps à autre, de son passage à Annecy. Surtout de ce jour où il avait skié avec Lionel Jospin… En costume de ville. Ce dernier avait oublié ses vêtements d’hiver dans une voiture. Les jours heureux…
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