TOUT EST DIT

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mercredi 18 mai 2011

Le FMI, enjeu vital pour l'Europe


Depuis 1944, c'est un accord tacite. Un Européen dirige le Fonds monétaire international, un Américain la Banque mondiale. Les Français en ont largement bénéficié, puisque plus de la moitié du temps, c'est l'un de nos compatriotes qui a dirigé le Fonds àWashington. Dans un monde caractérisé par la définition de nouveaux équilibres internationaux, avec la montée en puissance des pays émergents, cet accord tacite est de moins en moins destiné à durer.

En novembre dernier, sur proposition du G20, les Européens ont déjà abandonné deux des neuf sièges qu'ils occupaient au conseil d'administration, pour rééquilibrer la gouvernance au profit des émergents. Dans la suite logique, avant même que n'éclate le scandale Strauss-Kahn, les spéculations avaient commencé sur la nécessité ou non de lui trouver un successeur européen.

Longtemps, les attentions du FMI étaient portées essentiellement sur les économies en difficulté des pays dits du Sud. Il lui a d'ailleurs été souvent et vivement reproché d'imposer, au nom de la rigueur monétaire prônée par les pays riches, des cures socialement insoutenables pour les pays pauvres. Mais, depuis que la crise a éclaté en 2008, le FMI a dû venir en aide, chose longtemps impensable, aux pays européens.

Ainsi, l'Europe est, certes, le premier actionnaire du Fonds, mais aussi, à présent, son premier emprunteur. En un an et demi, depuis le déclenchement de la crise grecque, le FMI a prêté soixante-dix milliards d'euros à la Grèce, à l'Irlande et au Portugal. L'an passé, il a joué un rôle décisif dans la création du plan de sauvetage pour Athènes, et fortement appuyé celle du Fonds européen de stabilité financière, pour éteindre les risques de propagation de l'incendie grec.

Beaucoup considèrent même que sans l'action déterminée de Dominique Strauss-Kahn, à la tête du FMI, il aurait été beaucoup plus difficile de convaincre l'Allemagne, où l'envie de « lâcher » Athènes est perceptible depuis deux ans, à se rallier à un plan d'action concerté au niveau européen. Illustration de ce rôle, il y a moins de trois semaines, DSK et Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, sont allés à Berlin plaider devant le Bundestag, et ses députés récalcitrants, pour un deuxième plan d'aide à la Grèce. Et soutenir ainsi la Chancelière d ans cet effort.

Le cyclone de l'affaire DSK, qui vient de s'abattre sur un homme, son parti politique, la présidentielle française et l'institution monétaire, investit donc aussi, et directement, la délicate gestion des dettes souveraines dans la zone euro. Aucune institution ne dépend totalement d'un homme. Mais l'autorité de DSK à la tête du FMI était reconnue autant à Berlin qu'à Washington. Un FMI plus fort, et plus sensible aux déboires de l'euro, incitait en outre les Européens, divisés sur beaucoup de choses et notamment sur la dette grecque, à plus de cohésion monétaire. De quoi sera fait l'après-DSK ?

La France étant contrainte au silence, c'est l'Allemagne qui a parlé. Angela Merkel, qui aura attendu en vain, dimanche, la venue programmée de DSK à Berlin, a brisé le silence en affirmant qu'il serait préférable que la direction générale du Fonds reste dans des mains européennes. C'est une question d'influence sur le moyen et le long terme, mais c'est d'abord et surtout une urgence dans le court terme. Car l'Europe est désormais autant assistée par le FMI qu'elle ne le copilote.





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