Les Etats-Unis demandent une nouvelle direction générale. Angela Merkel a déjà annoncé qu'elle souhaitait qu'un Européen reste à la tête du Fonds monétaire international.
Timothy Geithner a clairement appelé Dominique Strauss-Kahn à démissionner mercredi 18 mai, jugeant qu'il n'était "pas en mesure de diriger le FMI". "Il est important que le conseil d'administration du FMI nomme officiellement quelqu'un pour une période transitoire et que cette personne agisse en tant que directeur", a ajouté le secrétaire d'Etat au Trésor américain. D'après Reuters, la Maison Blanche pousserait la candidature de David Lipton, actuellement employé par Citigroup, à la direction générale du FMI.
Lundi, c'est Angela Merkel qui, la première, a ouvert le débat sur la succession de DSK. "Dans cette phase, il y a de bonnes raisons pour dire que l'Europe a de bons candidats", a déclaré lundi 16 mai à Berlin la chancelière allemande, comme si elle avait déjà tourné la page DSK, inculpé pour viol et agression sexuelle. Didier Reynders, le ministre des Finances de la Belgique, n'a pas tardé à soutenir Angela Merkel en estimant "préférable que l'Europe continue à occuper ce poste." Le raisonnement d'Angela Merkel, en faveur d'un Européen, est simple. Alors que le Vieux Continent traverse une crise de la dette sans précédent, symbolisé par les plans de sauvetage accordés à la Grèce, l'Irlande et au Portugal, dont le FMI est un acteur essentiel, il est nécessaire d'avoir un Européen à la tête de l'institution. Si l'Allemagne s'est si rapidement prononcée sur la question, c'est parce qu'elle ne veut surtout pas perdre le soutien du Fonds, alors qu'un nouveau renflouement de la Grèce se dessine. Le désengagement du FMI signifierait immédiatement une plus large contribution de sa part, ce à quoi l'opinion est profondément hostile.
Axel Weber, Christine Lagarde, Gordon Brown...
Bien que Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe et chef du gouvernement luxembourgeois, ait jugé "indécent de voir que certains gouvernements ont engagé ce débat (...) qui n'a pas lieu d'être", les Européens poussent déjà leurs candidats respectifs. Côté allemand, on murmure le nom d'Axel Weber, ex-patron de la Bundesbank un temps pressenti pour prendre la présidence de la Banque centrale européenne, et de Peer Steinbrück, ancien ministre des Finances d'Angela Merkel. La France n'est pas en reste: le nom de Christine Lagarde était cité avant même l'affaire DSK.Problème: les deux grands pays de la zone euro ont déjà placé un compatriote à la tête de l'institution ces dernières années. L'Allemand Horst Köhler a dirigé le FMI de 200 à 2004. Quant à la France, elle a été beaucoup représentée à la tête du Fonds, avant Dominique Strauss-Kahn, par Michel Camdessus de 1987 à 2000, Jacques de Larosière 1978 à 1987 et Pierre-Paul Schweitzer de 1963 à 1973.
Du coup, ce pourrait être le tour d'autres pays européens. L'ancien Premier ministre britannique Gordon Brown a été un temps plus ou moins candidat, avant que son successeur David Cameron ne l'assassine publiquement au mois d'avril en disant qu'il n'était "peut-être pas la meilleure personne" pour le poste. Sa faute, selon le leader tory? Avoir tardé à percevoir le problème de la dette souveraine de son pays quand il était aux responsabilités.
Parmi les autres Européens sur la grille de départ se trouvent selon les rumeurs le chef de la banque centrale polonaise, Marek Belka, un ancien dirigeant du FMI qui a été nommé à Varsovie il y a seulement un an, et le Turc Kemal Dervis, au CV idoine : ex-ministre de l'Economie et des Finances de son pays, ex-hiérarque de la Banque mondiale et récent administrateur du Programme des Nations unies pour le développement.
Le tour des pays émergents ?
Cependant, la nomination d'un Européen n'a rien de certain. Si depuis 1944 le FMI est dirigé par un Européen et la Banque mondiale par un Américain, le tour des pays émergents pourrait venir. Barack Obama avait fait un pas en ce sens dès 2009. Dominique Strauss-Kahn lui-même militait pour que son successeur ne soit pas Européen. Pour un tel scénario, plusieurs noms reviennent avec insistance: les Indiens Duvvuri Subbarao et Montek Singh Ahluwalia, le Singapourien Tharman Shanmugaratnam et le Sud-Africain Trevor Manuel.La Chine, qui envisage de présenter un candidat après être devenue l'an dernier le troisième plus gros contributeur du Fonds, a appelé à "l'équité, la transparence et le mérite" dans le choix du nouveau patron de l'organisation.
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