UNE "CANDIDATE CRÉDIBLE" POUR UN DIPLOMATE EUROPÉEN
La ministre des finances française est "certainement une candidate crédible" pour remplacer "DSK" au poste de directeur général, mais "on attend de voir si (le président français Nicolas) Sarkozy la présente", a estimé mardi, un diplomate européen très au fait des discussions. Interrogée lundi soir à Bruxelles, la principale intéressée n'a pas voulu faire de commentaires, jugeant le débat prématuré. Selon un membre de son entourage, pour le moment, "ce n'est pas d'actualité, et l'hypothèse est jugée déplacée".
Toutefois, de manière générale, un autre proche ne cachait pas récemment l'intérêt de Christine Lagarde pour la fonction. Elle-même évoque régulièrement son attrait pour les Etats-Unis, où elle a longtemps travaillé. Elle est aussi très appréciée dans les milieux financiers. Selon une autre source, l'hypothèse de sa candidature pour la direction du FMI a d'ailleurs été testée récemment à Washington alors que le scénario d'une entrée en campagne de Dominique Strauss-Kahn pour l'élection présidentielle française de 2012, et donc son départ du FMI d'ici au mois de juillet, semblait de plus en plus probable.
La Française bénéficierait même du soutien de Berlin, affirme le quotidien Süddeutsche Zeitung en citant une source proche du gouvernement, ce qui n'empêche pas la presse allemande de citer une série d'autres prétendants potentiels. Sur les onze Européens qui ont dirigé le FMI depuis 1946, quatre étaient français, ce qui pourrait se révéler un handicap pour Christine Lagarde. Surtout, elle n'est elle-même pas à l'abri de démêlés judiciaires : un procureur français l'a récemment menacée d'une enquête sur un dossier lié à l'ex-homme d'affaires Bernard Tapie.
LES PAYS ÉMERGENTS RISQUENT DE FAIRE PRESSION
La presse allemande envisage d'autres prétendants, dont l'ancien président de la Bundesbank Axel Weber, ou le Suisse Josef Ackermann, à la tête de Deutsche Bank. Enfin, les pays émergents risquent de faire pression pour prendre à leur tour la direction du Fonds. Selon des diplomates, l'ancien ministre des finances turc Kemal Dervis pourrait alors être un candidat de compromis.
Les Européens ne semblent toutefois pas prêts à renoncer à l'arrangement qui leur assure la direction du FMI, tandis que celle de la Banque mondiale revient aux Américains. Face à la crise de la dette qui frappe les plus fragiles d'entre eux, ils veulent en effet pouvoir compter sur l'appui du FMI, dont le rôle, et celui de Dominique Strauss-Kahn en particulier, s'est avéré crucial depuis un an et demi.
La chancelière allemande Angela Merkel a évoqué "de bonnes raisons pour dire que l'Europe a de bons candidats". "Si une succession est nécessaire, les pays de l'Union européenne devraient présenter un candidat", a également jugé le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Le maintien d'un Européen à la tête du FMI aurait la "grande préférence" des Pays-Bas, a renchéri leur ministre des finances, Jan Kees De Jager. La ministre espagnole Elena Salgado a, quant à elle, plaidé pour une femme, en relevant que "la présence des femmes est faible dans des postes à responsabilité".
"PARCOURS EXCEPTIONNEL" ET BONNE COMMUNICATION, QUALITÉS DU CANDIDAT IDÉAL
Dans une déclaration adoptée avant la désignation de Dominique Strauss-Kahn à son poste de directeur du FMI, l'institution avait dressé le portrait type du candidat idéal.
"La personne choisie pour occuper le poste de directeur général devra avoir un parcours exceptionnel dans le domaine de la politique économique à un haut niveau de responsabilité, peut-on lire dans la déclaration. Elle aura à son actif une remarquable carrière professionnelle ; aura démontré les aptitudes de gestion et de diplomatie requises pour diriger une institution d'envergure mondiale et sera ressortissante d'un des cent quatre-cinq pays (ils sont désormais cent quatre-vingt-sept) membres du FMI."
Le candidat doit également savoir faire preuve de diplomatie, en se montrant "profondément déterminé à promouvoir les objectifs du FMI en encourageant le consensus sur les grandes questions de politique générale et de nature institutionnelle". Il doit naturellement être au fait des "enjeux de politique économique auxquels sont confrontés les pays membres de l'institution dans leur diversité", mais également se montrer "capable de communiquer efficacement".
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