Le traitement de la maladie chronique dont souffre l'assurance maladie a, c'est sûr, été prescrit par un expert en remèdes de bonne femme et en tisanes en tous genres. Or la Sécu est exsangue, sans ressources suffisantes pour se remettre sur pieds et minée par un déficit malin dont elle ne guérira qu'avec un remède de cheval. Pas la peine de casser le thermomètre, cela ne fait pas baisser la fièvre : il faut avaler le tube de courage et employer les grands moyens. Au lieu de cela, le budget de l'exécutif recule face à la facture politique d'une ordonnance sévère. Alors il se rabat sur des prescriptions homéopathiques et ne touche ni au ticket modérateur des consultations de médecins, ni aux prélèvements. Le remboursement des vignettes bleues va certes baisser mais cela aura sur le déficit l'effet d'un emplâtre sur une jambe de bois.
On ne résorbera pas le trou de l'assurance maladie par l'unique maîtrise des dépenses. Il faut aussi et prioritairement maîtriser les recettes. Ne voir que la charge et le déficit des caisses, c'est ignorer le progrès que représente la Sécurité sociale en matière d'amélioration de l'état de santé de la population. L'assurance maladie n'est pas qu'une machine à redistribuer de la solidarité, elle est aussi un formidable outil de l'amélioration de la qualité de vie. En ce sens, la baisse des prestations serait une injustice.
Freiner ce véritable progrès au nom de la réduction des dépenses et de la lutte contre les abus ne pourrait être ressenti que comme une nouvelle pénalisation des plus démunis. On ne peut pas non plus toujours montrer du doigt les déficits de l'hôpital public en oubliant que s'il coûte cher, c'est parce qu'il accueille les affections graves et longues et parce que nous avons mal pris en compte la question de la vieillesse.
Financer la santé de demain et la recherche médicale n'est pas qu'une question de solidarité ou d'augmentation des charges. Peut-être faudra-t-il un jour se résoudre à chercher un autre gisement de recettes et donc à taxer l'ensemble des revenus, Bourse et stocks options compris, au même niveau que tous les salaires soumis à cotisations. Puisque les plus gros consommateurs de protection sociale sont les revenus les plus élevés.
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