Il n'y a rien de très choquant dans l'accord passé entre la Ville de Paris, Jacques Chirac et l'UMP et validé hier par le Conseil de la capitale. Les Parisiens récupèrent l'intégralité de ce qui leur est dû et la mairie, en contrepartie, renonce à sa partie civile. Elle ouvre ainsi la possibilité d'une issue bienveillante pour l'ancien président de la République lors du procès à venir des emplois fictifs. Dans la longue liste des petits arrangements de la politique française, cette décision d'assainissement évitera un étalage de turpitudes qui n'aurait fait qu'alimenter le « tous pourris » avec lequel le Front national fait tourner le moulin de son populisme. Bien des arguments plaidaient en faveur de ce coup de torchon sur l'ardoise qui évite à Chirac une condamnation pour des sommes qui, comparées aux enveloppes de Mme Bettencourt, ont l'air d'un plat de lentilles.
Les Verts, jusqu'au-boutistes de la purification, ont protesté au nom de la morale publique. Ils n'ont pas tout à fait tort sur les principes, mais doit-on chercher à tout prix un bouc émissaire pour une époque où rares étaient ceux qui n'avaient rien à se reprocher ? Une époque qui a fait tant de mal à la crédibilité des politiques.
On reprochera à l'accord de désamorcer le procès et donc de poser la question de l'égalité des citoyens devant la loi. Certes Juppé, qui lui avait été condamné après le remboursement par l'UMP de 900.000 ?, peut avoir le sentiment du deux poids deux mesures. Mais Delanoë a eu le mérite, en négociant cet accord, de ne pas confondre la justice et la vengeance. Il fait revenir l'argent dans les caisses de Paris, évite d'ajouter du discrédit à la fonction présidentielle et épargne l'humiliation à un homme qui n'a plus le pouvoir et donc plus d'ennemis pour souhaiter qu'il soit déclaré inéligible ou envoyé en prison.
L'action publique n'est pas éteinte et le procès aura lieu, ont beau jeu de rappeler la mairie de Paris et l'UMP face à la surenchère des bons apôtres qui font grand bruit pour se démarquer dans un trop facile « PS-droite, même combat ». Que ceux qui n'ont jamais cherché à avoir des sièges et des groupes pour bénéficier des mêmes avantages leur jettent la première pierre.
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