Le dossier est clos." Avec fermeté, Olivier Zarrouati, le président du directoire de l'équipementier aéronautique Zodiac Aerospace, met un terme à la perspective d'une reprise par Safran. "Le conseil de surveillance l'a dit une première fois le 9 juillet quand la proposition a été faite. Didier Domange, président du conseil de surveillance, et moi-même avons été obligés de le réaffirmer la semaine dernière dans une tribune parue dans Les Echos pour mettre fin aux spéculations, ajoute-t-il. Apparemment, notre refus n'avait pas été compris, il avait été interprété par certains comme une coquetterie, voire une invitation à discuter."
Employant 20 000 salariés, réalisant 2,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires et pesant 2,5 milliards d'euros en Bourse, le cinquième groupe aéronautique français (derrière EADS, Thales, Safran et Dassault) entend bien continuer à vivre seul. D'où le rejet de cette offre par les familles des fondateurs et leurs proches qui détiennent 32 % du capital et 44 % des droits de vote. L'Etat, présent via le Fonds stratégique d'investissement (4,92 %), n'est pas au conseil de surveillance.
Zodiac Aerospace, dont le nom est associé aux dirigeables et aux bateaux pneumatiques, n'est paradoxalement plus présent dans ces deux activités. Elles furent pourtant les piliers successifs de sa croissance. Au départ, cette entreprise, la plus ancienne dans l'aéronautique, a été créée en 1896 par Maurice Mallet pour fabriquer des ballons dirigeables. L'entreprise se relancera au sortir de la seconde guerre mondiale avec les bateaux pneumatiques en reprenant la découverte inexploitée d'un de ses ingénieurs, qui avait conçu ce type d'embarcation en 1937 pour transporter des torpilles vers des hydravions.
Retour dans l'aéronautique
Le succès est au rendez-vous. Mais en 1974, Zodiac, qui pesait alors 40 millions de francs de chiffre d'affaires, est au bord du gouffre à cause d'une mauvaise gestion. Le nouveau président Didier Domange - marié à Elisabeth Desanges, héritière de l'une des familles fondatrices - appelle près de lui un directeur général alors âgé de 31 ans, son ami Jean-Louis Gerondeau. Ce diplômé de Polytechnique et de la Harvard Business School, mort en 2009, sera à l'origine du rebond du groupe. Il entreprend d'assainir l'entreprise : réduction des stocks, compression des frais généraux, réorganisation du réseau commercial et contraction des effectifs. Les effets se font sentir rapidement.
Si Zodiac reprend la moitié du marché mondial des canots gonflables, le nouveau patron veut développer l'entreprise. "Il a défini une stratégie de croissance externe par laquelle les sociétés acquises vont à chaque fois renforcer une activité existante, explique M. Zarrouati, qui lui a succédé en 2007 à la présidence du directoire. En trente-cinq ans, sous son impulsion, Zodiac Aerospace a fait une cinquantaine d'acquisitions d'entreprises de toutes tailles et en a très peu vendu."
Revanche de l'histoire, en 1978, Zodiac achète Aerazur, son concurrent dans les ballons du début du siècle, spécialisé depuis dans l'utilisation des textiles et des structures gonflables. Cela signe son retour dans l'aéronautique. Pour la première fois en 1989, cette activité, allant des sièges aux toboggans en passant par l'équipement des cabines, dépasse celle de la marine. Ne pouvant développer les deux de front, le groupe se sépare de sa branche marine en 2007. Zodiac devient alors Zodiac Aerospace.
Le développement continue avec le rachat en cours de l'allemand Sell, spécialisé dans l'aménagement de cabine. "Notre stratégie de développement sur des métiers de niches fonctionne parfaitement, souligne M. Zarrouati. Il faut la poursuivre. Je crains qu'un adossement à un grand groupe nous enlève la souplesse et la réactivité nécessaires à cette stratégie."
jeudi 29 juillet 2010
Zodiac : des dirigeables aux toboggans d'avion
Dominique Gallois
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