La France a-t-elle conservé sa capacité à attirer des investisseurs internationaux sur son sol ? Globalement, la réponse est positive, au moins pour les données de l'an dernier. Il faut s'en réjouir tant notre pays est aujourd'hui dépendant des arbitrages des groupes internationaux, singulièrement l'Alsace où quatre actifs sur dix dans l'industrie ont leur destin lié à des états-majors non français.
La Délégation à l'aménagement du territoire, le Centre d'analyse stratégique et l'Agence française pour les investissements internationaux vont le confirmer cet après-midi à Paris au terme d'une conférence de presse commune présentant le Tableau de bord 2010 de l'attractivité de la France. On voit mal ces trois agences gouvernementales faire une mauvaise manière à l'exécutif. Mise à part cette coloration politique du dossier, la France n'a pas à rougir de son positionnement dans les flux internationaux de capitaux. Du moins aujourd'hui.
Mais pourquoi l'attractivité est-elle importante et pour quelles raisons s'en préoccuper ? Pour au moins trois raisons. Objectivement et à court terme trop d'actifs vivent de l'étranger pour se laisser aller à un repli sur soi repu ou fataliste. Ensuite parce que le monde économique est équilibre ; et que l'expansion des sociétés françaises dans le monde nécessite sa contrepartie. Enfin parce que le jugement des tiers est un miroir moins complaisant que celui de nos élites : un indice de notre aptitude à nous réformer. A cet égard, dans un pays où les prélèvements sociaux atteignent un niveau record, parmi les plus élevés du monde développé, la bonne fin d'un projet aussi structurant que la réforme des retraites sera à l'évidence un facteur d'attractivité. Son échec, un motif de répulsion. Assainir les finances publiques est nécessaire pour nous-mêmes autant que pour raffermir l'affection qu'on nous porte.
Dans l'accueil des investissements internationaux, les territoires français les plus en pointe, dont l'Alsace, ont longtemps joué gagnants. Le Baromètre annuel Ernst & Young, publié début juin, témoigne que le contexte a radicalement changé. Cette étude rappelle d'une part que la France est plutôt bien classée. Mais elle montre aussi que nous parvenons moins que nos voisins à attirer les acteurs émergents indiens, chinois ou brésiliens. Nos voisins anglais et allemands font mieux. Paradoxal au pays de l'universalisme ? Non. Ces investisseurs sont peut-être effrayés de sentir que la France a vingt ans de retard dans ses réformes.
Antoine Latham
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