Rétablir l’ordre « par tous les moyens ». La ligne du gouvernement, claire et parfaitement explicitée à Grenoble par le ministre de l’intérieur, va servir de guide à l’action sur place. Bâtiments et voitures incendiés, pillages et tirs à balles réelles sur les forces de l’ordre : toutes ces violences qui ont embrasé le quartier de la Villeneuve dans la nuit de vendredi à samedi ont été le fait d’une cinquantaine de casseurs. Ils prétendaient réagir à la mort sous les balles de policiers d’un truand qui s’était réfugié là, après un braquage au casino d’Uriage.
Contenir ce déchaînement n’a pas été simple. Dans la nuit de samedi à dimanche, de nouveaux tirs ont visé les forces de l’ordre. Le déploiement de gendarmes du Raid et du GIPN durera donc jusqu’à ce que le calme soit revenu…
Cette réponse était indispensable. Comment ignorer la peur d’habitants traumatisés, là comme ailleurs, devant l’extension d’une économie souterraine mêlant le milieu et la délinquance issue des cités défavorisées ? Elle pourrit leur vie au quotidien. Selon un scénario désormais classique dans certaines zones sensibles, des truands bien installés se servent de jeunes désœuvrés comme fourmis quand le temps est calme et comme fantassins quand ça chauffe : il faut éviter que les autorités approchent de trop près leurs affaires. Cette situation est intolérable.
Cette fermeté exprimée par le ministre de l’intérieur ne dédouanera pourtant pas l’État de ses lacunes passées et ne le dispensera pas de tout ce qui devra suivre la répression et la traque fiscale des trafics. Depuis de longs mois, voire des années, les élus de nombreuses communes alertent les pouvoirs publics sur la situation explosive dans certaines cités. Ils demandent un soutien accru. En matière de sécurité, mais pas seulement. Une forte présence policière après des violences, aussi indispensable soit-elle, ne fournira jamais une réponse adaptée au recul de la politique de la ville, à l’explosion du chômage. Rétablir l’État de droit est le préalable. Mais il faudra faire beaucoup plus et un peu mieux pour prévenir d’autres embrasements.
François Ernenwein
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