Certes, les « 62 ans » suivent, bien que pour un temps très court, l'évolution du couple « démographie-espérance de vie ». Ils reflètent aussi une tendance constatée en 2009 : l'âge moyen de départ à la retraite frisait déjà les 62 ans, tout simplement en raison de l'entrée de plus en plus tardive dans la vie active et de l'allongement de la durée de cotisation.
Mais faut-il vraiment, pour faire passer une amère pilule, se référer aux exemples hors de nos frontières ? Et particulièrement à l'Allemagne constamment citée par Nicolas Sarkozy ? Quitte à jongler avec la vérité. Par exemple, en évoquant les 67 ans pour la retraite outre-Rhin et en omettant de préciser que ce seuil sera éventuellement appliqué en 2029... alors que la réforme française ne souffle mot sur une échéance à 19 ans. Chez nos voisins, les 65 ans restent encore la règle théorique. Une règle théorique car largement transgressée puisque l'âge moyen de cessation d'activité se situe à 60 ans et demi. En net d'impôts, les pensions de base plus avantageuses qu'en France autorisent des décotes souvent rattrapées par les « complémentaires » volontaires ou obligatoires, selon les branches...
Reste le tabou des 60 ans mis à terre par la réforme Sarkozy-Woerth, au grand dam des syndicats (CGC exceptée). Pourquoi cet attachement à un symbole qui ne correspond plus à l'évolution démographique et pas non plus à la réalité (seniors « remerciés », très faible taux d'activité des 55-64 ans en France et, dans le « modèle allemand » cher à Nicolas Sarkozy, 40% des entreprises n'employant pas de salariés de plus de 50 ans) ? Parce que le seuil aujourd'hui théorique des 60 ans compense en quelque sorte les salaires plutôt modestes des ouvriers et professions intermédiaires en France ? Les frontaliers qui travaillent en Suisse et en Allemagne savent comparer...
« C'est un grand jour, vous vous souviendrez de ce Conseil des ministres » a commenté Nicolas Sarkozy devant le gouvernement au grand complet. Comme si ce projet de réforme des retraites était historique ! Il ne s'agit pourtant que d'un replâtrage censé tenir dix ans au plus. La vraie réforme, celle qui tiendra compte de tous les facteurs économiques, sociaux et fiscaux, est encore à venir. Après 2018...
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