L'achat d'un nombre respectable de boîtes de cigares ; le déplacement coûteux, en jet privé, d'un ministre (dans l'exercice de ses fonctions) ; un permis de construire contesté ; un salaire confortable accordé à une personnalité de la majorité pour une mission temporaire ; des logements de fonction ministériels prêtés à des proches ; un possible conflit d'intérêts concernant une des principales têtes du gouvernement ; et enfin, un soupçon de financement politique illégal. De toutes ces « fautes » présumées, certaines sont potentiellement graves - si une instance objective et indépendante en établit la preuve -, d'autres sont vénielles (même si elles révèlent des comportements choquants). Mais jetées ensemble dans le grand chaudron médiatique, elles s'amalgament et se mettent mutuellement, si l'on peut dire, en valeur. L'effet le plus clair de cet enchaînement ravageur est de compromettre des réformes (des retraites, des collectivités locales, de la gestion budgétaire…) dont l'impact financier et économique est hors de proportion avec celui des « affaires ».
L'électeur qui a contribué à porter Nicolas Sarkozy à la tête de l'Etat peut légitimement lui adresser deux reproches. Le premier est d'avoir manqué de vigilance sur le comportement de certains membres de son équipe. Le second, bien plus grave, est d'avoir mis en péril des changements structurels sur lesquels il s'était engagé. Tout dirigeant politique décidé à agir sait qu'il devra affronter l'impopularité : il dispose, dans ce domaine, d'un capital de résistance qu'il doit savoir gérer au plus juste. Nicolas Sarkozy a commencé à gaspiller le sien dès le soir de son élection, avec son dîner au Fouquet's, puis avec un certain nombre de démonstrations tapageuses et de formules malheureuses. Ce qu'on considérait au début du quinquennat comme un simple travers, la contrepartie naturelle d'un tempérament hyperactif, est devenu un boulet paralysant. Pour que l'exécutif récupère ce minimum d'adhésion populaire indispensable à la poursuite des réformes, il ne suffira pas d'un remaniement ministériel.
FAVILLA
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