Les dirigeants européens, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel, les banquiers, les économistes, l’Europe entière a suivi de très près l’évolution des marchés ce matin. Ils ont été rassuré. Il est vrai que c’était une sorte de quitte ou double parce qu’on ne voit pas quelle serait le plan suivant si celui-là échouait. Ce plan devait répondre à trois questions qui avaient fait plonger les Bourses la semaine dernière (- 11% en cinq jours par exemple à Paris) : les manifestations grecques rendent-elles obsolète le sauvetage de la Grèce ? La contagion, et d’abord au Portugal et à l’Espagne est-elle inéluctable ? Le système bancaire va-t-il à son tour se gripper ? Le danger était en tous cas assez grand pour que Barack Obama demande aux Européens d’agir.
C’est ce qu’ils ont fait, avec une ampleur totalement inédite et inattendue. La première contreoffensive s’est jouée à Bruxelles. L’erreur commise depuis trois mois était de penser qu’il suffisait de faire une belle photo de famille et d’afficher l’unité européenne pour mettre un frein aux spéculations et aux inquiétudes. En fait, il fallait mettre ses armes et ses munitions sur la table, toutes ses armes. Pour la première fois, les Européens changent de dimension puisqu’ils ont décidé en 48 heures ce qui aurait pu mettre des mois (d’habitude) à décider. Et les montants sont considérables : 750 milliards d’euros qui viendront si nécessaire de l’Europe, des garanties des Etats, du FMI. Le plus nouveau, est le fonds d’urgence européen de 60 milliards. Jusqu’à maintenant, la zone euro en tant que telle pouvait apporter de l’argent à la Hongrie, mais pas à un membre de la zone euro. Elle le pourra. La solidarité financière devient concrète. Voilà pour le premier niveau.
L’autre niveau est peut-être en réalité le plus important. La mobilisation européenne est aussi celle de la BCE qui s’est réuni hier soir et qui a pris elle aussi des mesures exceptionnelles. Elle le devait : vendredi, les marchés du crédit ont commencé à se tendre et à se fermer entre les banques – exactement comme cela avait été le cas en septembre 2008, avant la faillite de la banque Lehman Brothers. Chaque banque s’est dit : dois-je prêter de l’argent à ma consoeur qui a des titres d’Etat grecs, portugais, italien et dont la situation n’est pas claire ? Sans crédit, pas d’économie. C’est pour cela que la BCE a annoncé non seulement qu’elle pourrait racheter des obligations des Etats en difficulté mais qu’elle alimenterait les banques en dollars. C’est ultra-technique, c’est quelque chose que Jean-Claude Trichet refusait jusqu’à maintenant, mais c’est essentiel.
Une seule question compte : cela va marcher ? A court terme, oui sans aucun doute – c’est massif, c’est marquant, c’est martial - . « On arrête de jouer », disent les politiques aux marchés. La solidarité l’emporte sur le chacun pour soi même s’il reste beaucoup de questions sur la façon dont tout cela fonctionnera.
Mais attention ! Ce parapluie géant qui permet d’acheter du temps ne résout pas le problème au fond, celui des déficits publics et de la croissance faible en Europe, n’exonérera pas, au contraire, de plans (de programmes) de rigueur sans précédent. Parce que chaque pays, désormais, regardera de près ce qui se passe chez ses voisins.
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