Le fonctionnement de l’économie est aux yeux de beaucoup incompréhensible. Les médias évoquent des marchés, tantôt rassurés, tantôt affolés. Les politiques eux-mêmes désignent à la vindicte des opérateurs financiers peu soucieux du bien commun. Mais qui se cache derrière ces marchés ? Qui sont ces opérateurs qui semblent jouer avec les cours des monnaies et les taux d’intérêt, sans se préoccuper des conséquences pour les populations les plus fragiles si l’on doit réduire les salaires et les prestations sociales ?
Les marchés se veulent être au service de l’intérêt général en donnant une information sur la confiance qu’ils accordent ou non à un pays, à sa capacité de faire face à ses échéances. Mais ne connaissant pas la notion de frontières, la situation économique et sociale des pays ne les préoccupe pas. Anonymes et aveugles, ils ignorent les manifestations de colère, les débordements de violence, même quand ils débouchent sur des morts d’hommes.
Devant l’aveuglement des marchés, les responsables politiques européens eux-mêmes semblent désarmés. Il leur aura fallu trois mois pour arriver à une décision forte concernant la Grèce. Un délai largement exploité par les opérateurs financiers qui ont pu anticiper cette indécision pour prendre des positions qui leur étaient favorables.
Certes on ne saurait attendre des décideurs politiques la même réactivité que les marchés. Et on ne saurait non plus reprocher aux financiers d’être d’abord préoccupés par leurs intérêts – qui sont aussi pour partie les nôtres comme clients de services bancaires ou d’assurance. Mais on peut regretter les tergiversations de ces derniers mois qui ont coûté si cher à la Grèce.
De ces événements, une leçon est à tirer : face à la puissance et à la réactivité des marchés, une Europe forte est nécessaire. On a cru que l’euro suffirait à renforcer le projet européen en rendant les économies plus interdépendantes. Mais cela n’a pas suffi. L’instrument monétaire commun est même devenu le talon d’Achille d’une Europe dont le projet politique n’est plus lisible. Cette situation est imputable aux responsables politiques qui eux, contrairement aux marchés, ne sont pas anonymes.
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