« C'est une tragédie inconcevable, un malheur inimaginable, » a déclaré Lech Walesa en apprenant la mort du Président Polonais Lech Kaczynski, celle de son épouse, de son état-major, de l'équipage. La douleur des Polonais est d'autant plus grande que le Président se rendait à la commémoration du massacre de Katyn : « Il y a 70 ans à Katyn, les Soviétiques ont éliminé les élites polonaises. Aujourd'hui, l'élite polonaise a péri, alors qu'elle s'y rendait pour rendre hommage aux Polonais tués », poursuivait Lech Walesa.
Dans l'avion, descendants des officiers assassinés voici 70 ans, historiens, religieux, responsables politiques venaient rendre hommage à la mémoire de leurs héros disparus. Après des années de refus, la Russie reconnaissait sa responsabilité dans ce massacre. Une page nouvelle semblait enfin s'ouvrir entre ces deux pays et, par conséquent, entre l'Europe et la Russie.
Mais, une nouvelle fois, le silence de la forêt de Katyn a recouvert la voix des Polonais. Leurs chants n'ont pas retenti en ce lieu pour éveiller l'aube de la réconciliation. Espéraient-ils, après avoir connu l'abîme, tendre la main aux ennemis d'hier dans la claire lumière du pardon ? Voulaient-ils transformer cette commémoration en un nouveau départ vers la paix, en une marche soutenue vers la vérité de l'Histoire ? Nous ne le savons pas encore. Mais c'est fort probable car ceux qui ont péri connaissaient la force de la vérité et de la liberté, comme les bienfaits de la réconciliation.
L'émotion est immense. Les témoignages de sympathie affluent de toute part. Ils manifestent l'amitié européenne, soutien aux heures les plus sombres. Les Européens endeuillés, doivent être fidèles à la mémoire des disparus en avançant sur le chemin qu'ils ont frayé si courageusement.
Il s'agit aussi d'élucider les circonstances exactes de l'accident qui s'est produit aux abords d'un aéroport militaire : un Président membre de l'Union Européenne est mort, avec son état-major, dans l'exercice de ses fonctions. Parallèlement à l'enquête mise en oeuvre par les autorités russes, une enquête internationale et européenne indépendante doit être lancée. C'est la seule manière d'éviter que ne se réveillent les anciennes blessures, obscurcissant le chemin de la paix comme celui de l'unité européenne. Les pays d'Europe centrale et de l'Est y sont attentifs.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire