La défaite de l'UMP aux régionales a réveillé les ambitions des anciens premiers ministres.
Il faut toujours se méfier des «ex». Depuis son élection en 2007, Nicolas Sarkozy a pris l'habitude de vivre avec les humeurs (bonnes et surtout mauvaises) des anciens premiers ministres. À tour de rôle et à des degrés variables, Édouard Balladur (80 ans), Alain Juppé (65 ans), Jean-Pierre Raffarin (61 ans) et Dominique de Villepin (56 ans) se relaient dans les médias pour délivrer des conseils, administrer des leçons ou carrément attaquer le président de la République.
Course à l'échalote
Depuis la déroute des régionales, cela a pris des allures d'offensive antisarkozyste. Surtout de la part des trois anciens chefs de gouvernement de Jacques Chirac, pas mécontents de prendre leur revanche sur leur cadet de l'Élysée. Loin de chasser en meute, Juppé, Villepin et Raffarin (qui sera l'invité dimanche du «Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI») se succèdent dans les médias pour dire tout le mal qu'ils pensent, pêle-mêle, du style Nicolas Sarkozy, de sa gouvernance, de ses réformes, du bouclier fiscal, de l'abandon de la taxe carbone. Entre eux, c'est un peu la course à l'échalote ! Et, cerise sur le gâteau, Juppé a même rejoint Villepin sur la ligne de départ de la présidentielle de 2012 en posant sa candidature au cas où… Sarkozy ne se représenterait pas.
À l'Élysée, on relativise la portée des critiques en distinguant les intentions de quatre personnalités bien différentes. Le président entretient d'ailleurs des rapports différents d'un ancien premier ministre à l'autre. Le cas Villepin est vite réglé : «Lui, on ne le calcule pas. C'est un bloc de haine. Isolé et dont le seul but dans la vie est de faire perdre Nicolas», soupire un conseiller.
Pour les trois autres (Balladur, Juppé et Raffarin), la situation est différente. Conscient que les anciens hôtes de Matignon sont en quête de hauteur et de reconnaissance, Nicolas Sarkozy les «traite», selon l'expression de l'Élysée. Le meilleur exemple est bien sûr Édouard Balladur, qui a présidé les travaux préparatoires sur la réforme de la Constitution et sur celle des collectivités. Le chef de l'État téléphone environ toutes les trois semaines à son ancien mentor et déjeune une fois par trimestre avec lui. L'occasion pour le président de fumer un cigare avec son ami et de tester quelques idées. En retour, l'ex-député de Paris lui parle franchement. Après les régionales, il lui a conseillé de «droitiser» sa politique et a évoqué sans détour la faiblesse de certains ministres : Bernard Kouchner ou Brice Hortefeux.
Jean-Pierre Raffarin ? Nicolas Sarkozy apprécie le côté chaleureux de celui qui fut son patron entre 2002 et 2004. Mais leur relation est «étrange», confie une connaissance commune. «Jean-Pierre aime faire sa petite cuisine de son côté. Au fond, Nicolas le juge trop politicien. À part sur les collectivités, où il prend en compte son expertise, le président ne le juge pas à son niveau», analyse un observateur qui connaît bien les deux hommes. Depuis 2007, Raffarin a accumulé plus de déboires que de satisfaction avec Sarkozy. La présidence de l'UMP, que le sénateur de la Vienne espérait récupérer, lui est passé sous le nez. Idem pour celle du Sénat en 2008. Sarkozy a bien essayé de se rattraper en lui proposant d'être commissaire européen ou ambassadeur de France en Chine (son pays préféré), mais quelque chose s'est cassé entre eux. «En général, quand Raffarin n'est pas content, il le dit à Nicolas, sauf quand il fait sa tribune contre la réforme de la taxe professionnelle dans le JDD. À ce jour, c'est le plus grand franchissement de la ligne jaune», constate-t-on à l'Élysée.
Rapport de forces inversé
Reste le cas Juppé. Pour comprendre la relation entre Sarkozy et le maire de Bordeaux, il ne faut jamais oublier que le premier a été le subalterne du second. En 1988, Sarkozy était secrétaire national à la jeunesse au RPR et Juppé son patron en tant que secrétaire général. Aujourd'hui, le rapport de forces s'est inversé. «Même si les critiques portées contre lui à intervalle régulier l'agacent, Nicolas sera toujours compréhensif avec Juppé», dit-on à l'Élysée, où personne ne croit vraiment à une candidature du maire de Bordeaux à la présidentielle. Un visiteur du président prédit même qu'Alain Juppé reviendra au gouvernement à l'automne. À Bercy, dans l'hypothèse où Christine Lagarde irait à Matignon.
samedi 17 avril 2010
L'Élysée face aux critiques des ex de Matignon
LA DIVISION N'EST PAS LA MEILLEURE DES SOLUTIONS, MÊME SI L'UMP EST UN PARTI DÉMOCRATIQUE. COMME DIT LE PROVERBE: "AUTANT DE TÊTES AUTANT D'AVIS". AFFICHER SES DIVISIONS MÈNE À L'ÉCHEC. LES SOCIALISTES EN SONT L'EXEMPLE.
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