C'est un rite, c'est un cap, c'est un incontournable. Chaque année au moment où pointent les asperges et rosit le lilas, il surgit lui aussi du grand jardin du ministère de l'Éducation nationale. On appelle cela "l'indicateur de résultats des lycées".
Ça sonne mieux que "palmarès", ça fait moins compétition. En apparence, en tout cas. Dans la réalité, le distinguo n'est pas aussi net. Lorsqu'on consulte ce site, c'est fatalement avec des objectifs de performance et de rivalité. Dans une société où tout est comparable et où le label de chaque produit de consommation est tributaire des bancs d'essai, l'univers scolaire ne fait pas exception. On guette sur la toile le "pôle d'excellence", en pestant que ce soit toujours celui des autres.
On clique pour voir comment a évolué le cher bahut de nos seize ans. On rejoue sans grande surprise le match public-privé. On s'étonne parfois de tel ou tel résultat. Mais qu'a-t-il donc de plus, cet externat soudain surcoté ? Et pourquoi le LEP tranquille, au coin de la rue voisine, ne figure-t-il jamais parmi les fortiches ? Et comment se fait-il que ce parfait emblème d'une "zone sensible" s'en tire aussi bien ? C'est que les critères de notation, s'ils sont briseurs de tabous, ne sont pas toujours très simples à comprendre. Entre le "pourcentage de réussite au bac" et la "proportion de diplômés par établissement", entre les "fondamentaux" et la "valeur ajoutée", on y perd facilement son latin. De quoi donner envie de retourner en classe. D'écouter un peu mieux le prof qu'on chahutait et que le souvenir a rendu attendrissant. C'est ça, peut-être au fond, le lycée idéal. Celui où nous avons été insouciants, loin des portiques de sécurité, de Pôle Emploi ou de la question des retraites. Loin, surtout, de cette sacro-sainte mode des "outils d'évaluation" qui a précipité les bonnes vieilles pensions de Pagnol dans l'ère improbable de la "Star Ac" éducative.
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