TOUT EST DIT

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jeudi 1 avril 2010

La droite se lâche contre le bouclier fiscal

Premier « marqueur » du sarkozysme, il pourrait, lui aussi, faire les frais des élections régionales tant il symbolise l'inacceptable en période de crise sociale profonde et durable.
Ristourner un gros chèque fiscal aux très riches quand le chômage explose ? Offrir 600 millions quand l'État fait la manche ? Les élections régionales ont enterré la taxe carbone. Elles pourraient bien venir à bout du « marqueur » du sarkozysme, le bouclier fiscal.

Depuis trente mois, l'opposition tirait à boulets roses contre ce symbole de l'inégalité devenu un danger politique et un luxe budgétaire, même s'il ne représente qu'une goutte des 149 milliards de déficits. Et puis Dominique de Villepin est arrivé. C'était jeudi : « Il faut suspendre le bouclier fiscal, augmenter la plus haute tranche de l'impôt sur le revenu et créer une surcote de 10-15 % de l'impôt sur les sociétés. »

« Les choses ont changé »

Lundi, lors du séminaire des parlementaires UMP, le sénateur Jean-Pierre Fourcade a demandé à François Fillon de le suspendre « tant que la situation financière » du pays ne s'améliore pas. Hier, c'est Alain Juppé, candidat possible à une primaire de la droite, qui insiste : « Il faut s'interroger sur le bouclier fiscal parce que les choses ont changé. Cela ne me choquerait pas qu'on demande aux très riches de faire un effort de solidarité supplémentaire vis-à-vis de ceux qui souffrent. »

Petites musiques individuelles ? François Sauvadet et Jean Arthuis, au nom des centristes de l'Assemblée et du Sénat demandent une « réforme du bouclier fiscal, mauvaise réponse à un mauvais impôt, l'ISF », assortie d'une nouvelle tranche d'impôts à 45 %. De plus en plus émancipé pour élargir la base de la majorité, le centre droit doit être écouté : l'exécutif a besoin de lui et l'UMP n'est pas majoritaire au Sénat.

Il est donc symptomatique que, hier, l'Union centriste du Sénat et le Nouveau Centre à l'Assemblée s'entendent pour critiquer « le calendrier des réformes », souhaiter plus de « justice et d'équité sociales et fiscales », demander que « l'on rediscute la réforme des collectivités »... Même Jean-François Copé, le patron des députés UMP, n'est plus très sûr de lui : « On va étudier, discuter. Je n'ai pas de religion totalement définitive sur le bouclier fiscal. »

Dimanche, François Fillon a déjà dit qu'il était favorable au maintien de ce dispositif pour ne pas « casser le retour de la croissance ». Une ligne officielle reprise, hier soir, par le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre : il ne lui paraît « pas judicieux » de remettre en cause le fameux bouclier. Nicolas Sarkozy reçoit les parlementaires UMP aujourd'hui. Pour les rappeler à l'ordre ?
Michel URVOY.

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