Philippe Villemus, professeur et chroniqueur à Midi Libre, publie un livre décoiffant
Vous analysez l’enjeu de la présidentielle avec des outils marketing. De la provocation ?
Les puristes vont peut-être crier au loup. N’empêche ! La politique a besoin de stratégie pour parvenir à ses fins. En France, et surtout aux États-Unis, les personnels politiques s’entourent de conseillers en communication, image et stratégie. Faire de la politique c’est aussi intégrer la stratégie et toutes les méthodes modernes qui permettent de prendre le pouvoir.
De là à comparer les partis politiques à des entreprises…
C’est pourtant la réalité. Les entreprises cherchent à accroître leurs parts de marché, leur chiffre d’affaires ou leurs profits. Les
partis, eux, cherchent à développer leurs parts de voix, à élargir leur influence, à imposer leurs idées. L’analogie entre les mondes n’est pas provocatrice tant elle est évidente.
Quelles consignes donnez-vous à la gauche pour prendre le pouvoir ?
Le PS, pour espérer gagner en 2012, doit bien définir sa vision, ses valeurs et ses avantages concurrentiels. Comme pour un marché économique, ce parti doit étudier la demande de ses électeurs et l’offre des autres rivaux. Ensuite, il fixera ses objectifs, choisira sa stratégie et définira la position de son futur candidat. Le choix du leader qui conduira la bataille est primordial. Définir son profil idéal : compétences, personnalité, style de son leadership... Je n’oublie pas le plan opérationnel de campagne. Avec l’organisation et son financement.
Mais le succès n’est pas assuré, pour autant...
Évidemment ! La gauche doit faire face à des vents contraires : une population vieillissante votant à majorité à droite. Une classe ouvrière en net déclin qui vote de plus en plus FN. Enfin, les fonctionnaires, vivier de la gauche, déclinent numériquement. En face, le candidat socialiste aura vraisemblablement le Président actuel. Ce dernier bénéficie de la prime au sortant. A ces vents contraires, s’ajoutent les défis internes au PS : ligne politique entre réformistes et aile gauche. Zizanie entre les ténors. Et le manque ahurissant de sens stratégique et tactique de ce parti. Son incapacité à imaginer, développer et exécuter un plan organisé de conquête du pouvoir.
Votre plan de bataille apparaît un rien figé
Justement pas. Au fil de la campagne, l’environnement économique, social et politique, les aspirations et préoccupations des électeurs, ainsi que la réaction des adversaires vont évoluer.
Le programme politique et l’image souhaitée d’un candidat ne doivent pas être des corsets.
On est loin de la rencontre "gaulliste" entre un homme et le peuple...
Cette rencontre était peut-être d’actualité au début de la Ve République. Mais cette vision angélique et humaniste me paraît, aujourd’hui, bien naïve.
Depuis 1974, les partis politiques imposent leurs candidats. L’élection se fait avant tout sur le projet, le programme, la stratégie et la tactique. L’image ou la personnalité des candidats compte, évidemment. Mais moins qu’on ne le pense...
Propos recueillis par François MARTIN
jeudi 1 avril 2010
2012 Comment la gauche peut gagner la présidentielle
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