Au moins 38 personnes ont été tuées lors de deux attentats commis dans le métro de Moscou. Les autorités les ont attribués à des femmes liées à des groupes du Caucase, sans toutefois exclure une piste étrangère. La capitale avait été épargnée ces dernières années.
Hurlements de sirènes, téléphones mobiles saturés, hélicoptères de secours qui fendent le ciel : le double attentat suicide qui a frappé le métro hier à l'heure de pointe a fait revivre à Moscou des scènes que la capitale russe avait voulu oublier.
La première explosion a retenti dans la station Loubianka, à quelques centaines de mètres du Kremlin, à 7h57 locales ; c'est la station qui dessert le siège du FSB (ex-KGB). La seconde explosion s'est produite à 8h36 sur la même ligne, à la station Park Koultoury.
Bilan provisoire officiel hier soir : 38 morts et 64 blessés -sans tenir compte des deux kamikazes. Selon les services de sécurité, il s'agissait de deux femmes. Leur identité aurait été établie grâce aux images des caméras de surveillance, ainsi que celle de deux autres femmes qui les auraient accompagnées jusqu'au métro avant les explosions et seraient recherchées.
Le directeur du FSB, Alexandre Bortnikov, a mis en cause la mouvance rebelle du Caucase du Nord, ensanglanté depuis les années 1990 notamment par les deux guerres en Tchétchénie. Les forces russes ont multiplié ces derniers mois les opérations contre les rebelles, tuant notamment en mars deux de leurs leaders. Mais l'attentat n'a pas été revendiqué.
Le Premier ministre Vladimir Poutine, qui a écourté un voyage en Sibérie, a promis que les « terroristes » seraient « anéantis ». Le président Dmitri Medvedev que la lutte contre le terrorisme allait être poursuivie « jusqu'au bout ». En fin de soirére, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a cependant déclaré qu'une éventuelle piste étrangère n'était pas exclue
« Bien sûr, ce sont de
nouveau les Caucasiens »
Les attentats ont en tout cas vite réveillé des sentiments xénophobes répandus dans la population russe. « Bien sûr, ce sont de nouveau les Caucasiens », lançait Natalia, ouvrière venue d'Irkoutsk (Sibérie), en visite à Moscou. Devant la station Loubianka, un jeune homme dont l'amie a été blessée s'en prenait aux ressortissants du Caucase et d'Asie centrale : « Je ne sais pas qui a fait ça, mais je vais en tuer un, un Tadjik, un Azéri, peu importe, c'est tous les mêmes. La guerre va commencer, dans le métro il n'y a que des Tadjiks, que des Caucasiens, il n'y a pas de Russes, ils ont peur ».
Peu après midi, la circulation du métro a été rétablie sur la ligne visée par l'attentat, la station Loubianka restant fermée au public. Le trafic n'a jamais été interrompu sur les onze autres lignes, mais la police a multiplié les contrôles de sacs et bagages.
Moscou a été le théâtre de plusieurs explosions mortelles au début des années 2000, pour certaines revendiquées par des militants de la cause tchétchène, mais elles étaient devenues moins fréquentes. Le dernier attentat d'ampleur dans le métro remonte au 6 février 2004, il avait fait plus de 40 morts.
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