mercredi 26 mars 2014
Municipales : de la déception à la jacquerie électorale ?
Les Français sont moins dociles que ne l’espéraient leurs dirigeants. Ils ne veulent pas que leur pays se transforme en un immense Hollandais volant ivre des promesses creuses qui lui sont faites depuis une sacrée décennie, guidé par des haleurs installés à Bruxelles, à tel point criblé de trous que ses passagers ne parviennent même plus à écoper l’eau dans la cale.
Le Front républicain est mort. On ne peut pas craindre un mort, a lucidement remarqué Marine le Pen. Depuis 1956, il est vrai que cette coalition a pris un coup de vieux. Mieux. Elle s’est essoufflée. Pourquoi ?
- Primo, parce que dans l’état actuel des choses elle gommait le bipartisme semi-rassurant du champ politique français en rapprochant jusqu’à les confondre UMP et PS.
- Secundo, il est bien difficile de se figurer une alliance appuyée sur des partis dont la principale carence réside dans leur manque d’autonomie nationale, car, à bien y voir, les « non-marginaux » sont tous bien plantés dans l’ornière atlantiste. La gauche s’en démarque peut-être moins que la droite sarkozyste mais le résultat était jusqu’ici le même. Le dossier libyen en est une preuve saillante. De fait, le Front républicain s’apparentait à une synthèse de plusieurs partis – dont deux invariablement dominants – au fond très peu français parce qu’influencés de l’extérieur. La formation, pour l’heure latente, d’un nouveau Front qui serait une coalition droite-droite avec toutes les nuances qui leur sont inhérentes pourrait distiller le « pareil au même » qui lasse tant la nation sachant que le FN est le seul parti supposé réellement oppositionnaire et qui reste encore marginalisé par inertie et surtout par panurgisme.
- Enfin, comme l’a si bien exprimé un fidèle lecteur du Figaro, il faut savoir alterner les plaisirs. Face à une gauche qui s’est retrouvée le bec dans l’eau avec ses15 % et un UMP très partagé entre des tendances presque aussi droites que la droite lepeniste et des tendances centristes qui les réconcilient sur certains points avec le PS, le FN fait du deux en un : il incite les deux premiers partis de France à faire remonter leur moyenne générale donc à repenser leur politique tout en s’imposant comme une alternative patriotique satisfaisant les préoccupations grandissantes des Français et en cela réaliste (ne pas confondre réalisme et populisme !).
Ces considérations faites, j’ai le plaisir de donner la parole à M. Kader Hamiche, écrivain, polémiste et blogueur français, auteur de la « France confisquée ».
LVoix de la Russie. « Pourriez-vous nous donner votre appréciation du premier tour des municipales ? Y a-t-il des résultats qui vous auraient particulièrement surpris ?
Kader Hamiche. Surpris, oui, je l’ai été dans le sens de l’ampleur des résultats. Il y a évidemment le résultat de Béziers. Moi qui suis de Béziers et qui connait très bien la situation qui avait été imposée par Robert Ménard pour être sur ses listes, j’ai été très étonné de le voir faire 45 % car je m’attendais à ce qu’il fasse 30 ou 35% coude à coude avec Elie Aboud. Ensuite, il y a évidemment la victoire de Steeve Briois dans le Nord mais bon, il faut aussi remarquer que le terrain avait été préparé par Marine le Pen à la présidentielle ce qui nuance la surprise. Ici ou là, par exemple à Marseille ou Perpignan, la percée FN a été spectaculaire. Je m’attendais ceci dit à ce que Philippot fasse plus qu’il n’ait fait. Globalement, ce qui a été très-très intéressant dans ce vote, c’est surtout le taux d’abstention. Je dis bien intéressant, pas inquiétant ! Cela, parce que je raisonne dans une logique de reconstruction du système politique français. Je pense qu’il manque une vraie droite à la France qui ne soit pas taxable d’extrême-droite mais qui soit une vraie droite parce que je ne considère pas l’UMP comme étant de droite. Je suis un ancien du RPR, je sais donc qui est à l’UMP. Ce qu’il faut donc constater, c’est qu’un terrain particulièrement fertile se dessine pour l’émergence d’une droite nationale et patriotique qui ne soit pas le FN.
LVdlR. Dans un extrait de votre dernier article vous dites ceci : « Les candidats FN les mieux placés l’ont été dans des communes ayant fortement voté. Cela signifie que les électeurs qui n’ont pas trouvé chaussures à leur pied sont au moins aussi nombreux que ceux qui se sont réfugiés dans un vote FN. Conclusion : le FN n’offre pas de réponse satisfaisante à la demande d’une autre politique nationale ». Pourriez-vous préciser votre pensée en la développant ?
Kader Hamiche. Je reconnais que la formulation n’était pas vraiment judicieuse. Elle est même légèrement erronée. Ce que j’ai voulu dire c’est que malgré le score du FN, malgré le fait que beaucoup de Français soient allés vers le FN notamment dans les villes marquées par une participation extrêmement importante, une abstention sans précédent est à relever ! 6 points de plus par rapport à 2008 – un écart encore plus sensible dans les grandes villes – c’est considérable ! Autrement dit, il y a au moins autant de Français qui ne sont pas satisfaits et qui ne s’en remettent pas au FN que de Français non satisfaits qui s’en remettent au FN. Il reste globalement un vivier d’électorat potentiel qui n’est pas exploité, c’est-à-dire de gens qui n’ont pas trouvé de chaussures à leur pied, cela indépendamment des 20 % tout à fait traditionnels d’abstentionnistes.
LVdlR. Vous parlez métaphoriquement des « funérailles de la France ». Qu’est-ce que vous entendez par funérailles ?
Kader Hamiche. J’ai écrit un jour que le FN risquait de devenir le fossoyeur de la France ce qui m’avait été reproché. En réalité, les gens n’ont pas bien compris ce que veut dire « fossoyeur » : c’est la personne qui intervient pour enterrer les morts. Je n’ai pas dit que le FN allait tuer la France, car la France, à mon regard, allait être tuée par l’UMPS. L’UMP, le PS et leurs satellites travaillent sur la multiplication de réformes sociétales visant à faire disparaitre la spécificité française, voire celle de la civilisation occidentale et bien sûr la nation française dans son essence puisqu’il y a des projets européistes, mondialistes, etc. qui la menacent. D’ailleurs, si je peux me permettre une petite remarque à ce sujet : c’est pour cette raison, à mon avis, que Vladimir Poutine est si peu aimé du système occidental, lui qui s’oppose à l’avancée du modèle atlantiste. Toutes ces menaces qui pèsent sur la France doivent donc dégénérer parce qu’elles sont appuyées par une idéologie très efficacement promue. Le problème du FN s’est qu’il s’est donné un certain temps pour arriver au pouvoir. Il y a très longtemps j’en avais discuté avec Louis Aliot … Le jour où le FN arrivera au pouvoir il y aura 15 % de musulmans en France qui en réalité seront contrôlés par des islamistes, il n’y aura plus d’identité française, le mode de vie français aura disparu en ressemblant de plus en plus à celui des Américains. Autrement dit, l’universalisme va envahir la France. A ce moment-là, le FN arrivera peut-être au pouvoir mais il sera trop tard. C’est en ce sens que j’ai parlé des funérailles de la France ».
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