vendredi 17 octobre 2014
Rouge bonnet et bonnet rose…
Rouge bonnet et bonnet rose…
Lors de la “manif pour tous”, le ras-le-bol fiscal ne l’a pas emporté sur les revendications éthiques. Heureusement pour la paix publique…
Comme un rendez-vous devenu presque routinier, les défenseurs de la famille se sont à nouveau mis en route dimanche dernier. Rien ne manquait pour irriter des médias qui depuis des mois refusent de voir et de comprendre ce qui est en train de se passer dans les profondeurs du pays. Tous les symboles, maintenant bien connus, étaient là ; jeunes couples avec poussettes, ballons bleus et roses, grands-parents équipés de bonnes chaussures, slogans rigolos, lazzis mordants, cols romains, foulards discrets, sweat-shirts subversifs et bien sûr, car sans eux la “manif pour tous” ne serait pas ce qu’elle est, une sous-évaluation systématique de la mobilisation…
Le tout s’est déroulé dans une atmosphère particulièrement bon enfant, car désormais les manifestants sont de vieux habitués, on se parle, on se congratule, on se reconnaît même parfois d’une manif l’autre. Il faut dire que c’était la huitième en deux ans. Du jamaisvu pour un mouvement “social” dans l’histoire récente de notre pays.
Quelques jours plus tôt, ce sont pourtant des événements beaucoup plus violents qui ont troublé “l’ordre public”. On ne compte pas moins de trois perceptions incendiées en une seule semaine et pas uniquement en Bretagne, bien connue, depuis le règne de Louis XIV, pour ses flambées de colère fiscale. Certains “meneurs” arrêtés par les forces de l’ordre seraient liés au mouvement des “bonnets rouges” qui ont pendant des mois joué à saute-mouton avec les fameux portiques de l’écotaxe, mais d’autres n’avaient jamais participé à cette grande jacquerie autoroutière. La fronde s’étend — c’est bien une fronde dont il s’agit — et elle devient très préoccupante car lorsque des bâtiments publics brûlent, c’est l’autorité de l’État qui menace de partir en fumée.
Fort heureusement pour le gouvernement et pour la paix publique, les revendications fiscales des familles, pourtant présentes sur les pancartes, ne l’ont pas emporté dimanche sur les revendications éthiques. Elles auraient pu, car le moins que l’on puisse dire est que les familles n’ont pas été épargnées ces derniers temps par les réformes fiscales. Toutefois, si la France tranquille a battu une nouvelle fois le pavé, ce n’était pas pour réclamer des baisses d’impôts mais bien pour dire son attachement aux droits de l’enfant et son refus horrifié devant sa commercialisation. Preuve s’il en était besoin que le libertarisme est bien le sémillant cheval de Troie du libéralisme.
Il faut, je crois, se féliciter de cette retenue des manifestants de dimanche, car si demain le cortège des bonnets roses venait à croiser puis à rejoindre celui des bonnets rouges, cela pourrait donner lieu à une de ces déflagrations qui secouent la France une à deux fois par siècle et dont je n’ose même pas imaginer les conséquences
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