jeudi 11 septembre 2014
En Ukraine, retour au plan Poutine
Le cessez-le-feu signé le 5 septembre entre les autorités de Kiev et les rebelles prorusses est fragile, comme le précédent de juin. Mais le rapport de force a beaucoup changé. Du côté des rebelles, le renforcement de l’aide militaire russe a porté ses fruits. Ils ont regagné du terrain. Du côté des loyalistes, c’est l’inverse. La reconquête lancée au printemps est un fiasco. Malgré quelques succès initiaux, les forces ukrainiennes ont cédé des positions, proches du point de rupture. Deux lignes s’affrontent aussi au sommet de l’État, alors que commence la campagne pour le scrutin anticipé du 26 octobre. Réunis autour du président Petro Porochenko, les modérés veulent renouer le dialogue avec la Russie, encouragés par les Européens les plus affectés par les sanctions (France, Allemagne, Hongrie, République tchèque). En face, les euroatlantistes du premier ministre Arseni Iatseniouk veulent poursuivre le combat. Ils réclament même une implication directe de l’Otan, avec l’appui des États-Unis, de la Pologne et des pays Baltes.
Ces divisions ont permis à Vladimir Poutine de reprendre l’initiative. Il a accepté la négociation parce qu’il est en position de force avec des rebelles ragaillardis et des loyalistes dans le doute. À court terme, Poutine espère obtenir la levée des sanctions, mais il sait que cela prendra du temps. À long terme en revanche, les Russes estiment déjà avoir gagné : cette crise devrait geler pour longtemps le projet d’adhésion du pays à l’Otan. L’Ukraine n’est pas près de remplir deux des critères majeurs du processus : être une démocratie stable, et surtout ne pas avoir de conflits territoriaux. Habilement maîtrisée par Poutine, l’instabilité dans le Donbass et en Crimée repousse cette perspective. Moscou joue la carte Porochenko, réputé “russo-compatible”. Son protocole de cessez-le-feu prévoit en effet un “statut spécial” pour les régions séparatistes, sous la surveillance de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). C’est exactement ce qu’avait proposé Poutine le 18 mars devant la Douma. Il aura fallu six mois, 2 600 morts et 500 000 personnes déplacées pour en arriver là.
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