jeudi 11 septembre 2014
Calendes grecques
Calendes grecques
Cela ne s'invente pas ! Le jour où Michel Sapin annonçait que la France repoussait à 2017 son objectif de ramener le déficit public sous la barre des 3 % du PIB, Pierre Moscovici décrochait officiellement le poste de commissaire européen aux Affaires économiques et financières. Autrement dit, celui qui, à Bercy, n'a pas su endiguer le dérapage de nos comptes publics se trouve « bombardé » au poste de gardien bruxellois des règles communautaires. Avec un humour involontaire, le nouveau président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a justifié son choix en estimant que Pierre Moscovici était « bien placé » pour résoudre les problèmes budgétaires d'un pays confronté à ce problème.
Et voici comment, au risque d'une douloureuse schizophrénie, Pierre Moscovici devra juger à Bruxelles ce qui se fait (ou pas) à Paris. En attendant, nos dirigeants ont accueilli avec joie une décision « conforme à la demande et aux souhaits de la France ». Sans doute cette « promotion », à laquelle Angela Merkel n'était pas favorable, a-t-elle une saveur particulière.
Il ne faudrait pas trop s'enflammer cependant. Certes, le poste octroyé à Moscovici est prestigieux, mais il sera « chapeauté » par un super-commissaire, le Finlandais Jyrki Katenen, à l'orthodoxie reconnue. Le choix effectué par Jean-Claude Juncker, avant tout politique, reflète surtout son indépendance par rapport à Berlin. Mais il ne faut pas s'attendre à une inflexion spectaculaire des dogmes de la Commission, qui a déjà invité Paris à présenter des « mesures crédibles » pour réduire ses dépenses en 2015.
Tout cela parce qu'à force de demandes de report, la fiabilité de la parole française s'estompe. Hier, à Bercy, Michel Sapin a invoqué des « circonstances exceptionnelles ». Après avoir dit, il y a peu, que la France ne réaliserait pas cette année les réductions de dépenses envisagées, il a rectifié le tir. Sans dire comment, en l'absence d'augmentations d'impôts, le gouvernement compensera 2 milliards d'euros de manque à gagner. Seule reste la fuite en avant des déficits. Et des promesses remises aux calendes grecques. Heureusement que « Mosco » est bien placé !
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