Le baisé de Judas |
jeudi 21 août 2014
L'Allemagne ne paiera pas ; et elle aura bien raison !
François Hollande a plongé l'économie française dans le chaos, comme en témoignent les récents chiffres sur la croissance publiés par l'Insee. Non seulement l'économie française tourne deux fois moins vite que ce qui était promis pour cette année par le chef de l'État.
Non seulement l'investissement des entreprises a fondu et la consommation des ménages s'est évanouie. Non seulement les faillites d'entreprises augmentent en flèche. Mais surtout les recettes fiscales ne seront pas au rendez-vous cette année. Si bien que la France sera le seul pays européen qui verra s'accroître, cette année, son déficit budgétaire par rapport à 2013. Le problème du président de la République, c'est qu'il ne veut pas reconnaître que c'est sa politique fiscale insupportable qui a plongé notre économie dans cet état-là. À tel point qu'à ce rythme, la France risque de se retrouver d'ici deux ans dans le même état que la Grèce. N'en déplaise aux agences de notation qui recommandent toujours aux investisseurs l'achat des emprunts d'État tricolores comme s'ils étaient aussi solides que de l'or. De fait, François Hollande a trouvé le coupable idéal. Tout en multipliant les embrassades avec les officiels d'outre-Rhin pour commémorer le déclenchement de la Première Guerre mondiale, il s'en prend à Angela Merkelet à une Allemagne qu'il considère comme égoïste car «ses excédents commerciaux et sa situation financière lui permettent d'investir davantage. C'est le meilleur service que l'Allemagne peut rendre à la France et à l'Europe».
La réponse de la bergère allemande au berger français ne s'est pas fait attendre. Et la chancelière a immédiatement rétorqué que «les déclarations très générales en provenance de Paris ne fournissent aucune raison pour de quelconques corrections dans la politique économique (…) l'Allemagne est déjà la locomotive la plus importante pour la conjoncture de la zone euro».
Et comme à Paris les voix autorisées faisaient semblant de ne pas avoir compris, Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, a rappelé à nos dirigeants socialistes qu'avant de demander à leurs voisins de faire des efforts, peut-être pourraient-ils s'atteler à des réformes de structure. «La France a des défis structurels à relever, elle doit redresser sa compétitivité et réduire le niveau très élevé de ses dépenses publiques», a déclaré le grand argentier allemand avant d'ajouter: «Paris devrait exercer son leadership en donnant le bon exemple, notamment en matière budgétaire.»
Ce n'est pas la première fois que François Hollande essaye de se défausser sur notre voisin et de faire croire aux Français qui l'ont élu, que «l'Allemagne paiera», reprenant ainsi la fameuse expression de Clemenceau après la signature, en 1919, de l'humiliant traité de Versailles. Ce texte imposa à l'Allemagne défaite de payer pas moins de 269 milliards de marks-or, soit quatre fois plus que ce que l'économiste Keynes, alors jeune expert à cette conférence de la paix, jugeait supportable. Même si François Hollande aime à se replacer un siècle en arrière et si Manuel Valls a fait de Clemenceau son modèle en politique, l'Allemagne ne paiera pas.
Tout simplement parce que si l'Allemagne est devenue l'une des principales puissances exportatrices mondiales et si elle a réduit à néant son déficit budgétaire, c'est après avoir mené des réformes drastiques. Tant au profit des entreprises et de leur compétitivité que de l'État fédéral. Angela Merkel avait récolté les fruits de la politique audacieuse de Gerhard Schröder et notamment de son efficace réforme du marché du travail. À son tour elle a amplifié ce rebond en instaurant une sorte de TVA sociale destinée pour partie à alléger les charges des entreprises et pour partie à réduire le déficit budgétaire. Cela fait maintenant une décennie que les Allemands se saignent aux quatre veines pour que l'Allemagne profite de la mondialisation plutôt que de la subir. Et pendant ce temps, la France joue la cigale dépensière, qui danse sur des montagnes de déficit en attendant de tendre la sébile à sa voisine. Pourquoi donc Angela Merkel braderait-elle des années de sacrifices faits par son peuple pour des Français incapables de se réformer?
Il y a quelque chose de pathétique à voir notre chef de l'État se comporter ainsi avec son puissant voisin. Cet épisode a néanmoins l'intérêt de révéler les défauts structurels de la construction européenne. Cela démontre l'impuissance de la France, qui, en ayant accepté d'abandonner sa politique monétaire puis soumis sa politique budgétaire à des zombies bruxellois, se retrouve contrainte de mendier une relance à l'Allemagne. Mais le pire est qu'après d'aussi longues années d'échec, personne ne semble prêt à remettre en cause cette construction qui ne marche pas et qui finit par se retourner contre la grande idée européenne.
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