lundi 7 juillet 2014
Petits pois et démesure
Petits pois et démesure
Au bal des hypocrites la gauche et la droite peuvent se donner la main après la mise en examen de Nicolas Sarkozy. Au PS, soucieux d'apparaître scrupuleusement respectueux des droits de la défense, on insiste sur la présomption d'innocence mais on ne peut s'empêcher de souligner, avec une jubilation contenue, la lourdeur des charges pesant sur l'ex-président. À l'UMP, on affiche une compassion de façade envers Nicolas Sarkozy tout en cachant mal la désapprobation engendrée par sa virulente mise en cause de l'institution judiciaire. Sur ce plan, au moins, les deux plateaux de la balance sont équilibrés.
Il ressort de tout cela que Nicolas Sarkozy ne va pas trouver énormément d'alliés, au sein de la droite, dans sa stratégie de reconquête du pouvoir. Beaucoup redoutent qu'un « retour » de Sarkozy ne soumette la reconstruction de l'UMP aux aléas de son calendrier judiciaire. Sa « charge », à la télé et à la radio, contre une « instrumentalisation d'une partie de la justice » ne va pas inciter les magistrats à la clémence.
L'erreur de Nicolas Sarkozy a sans doute été de se dispenser de toute justification sur le fond, en insistant sur la forme vexatoire de sa mise en garde à vue. Même s'il s'est refusé à l'amalgame, son réquisitoire contre une « partie de la justice » accrédite son aversion pour une institution qu'il eut le tort de critiquer dans des formules inutilement blessantes comme celle des « petits pois ». Bien sûr qu'il paye aujourd'hui cette démesure. C'est d'autant plus regrettable qu'il provoque ainsi un réflexe étroitement corporatiste des magistrats.
Car l'institution judiciaire, tout comme la classe politique, n'est pas exempte de tout reproche et voit son image se dégrader dans l'opinion. Indépendance et impartialité sont les deux piliers d'une bonne justice. Il y a manqué, ces derniers temps, la sérénité. La syndicalisation des magistrats n'est pas en cause. C'est l'expression publique de leurs options politiques, et plus encore l'affirmation d'un vote partisan pour la présidentielle, qui peut porter atteinte à une image de neutralité. Par nature, la justice doit être insoupçonnable.
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