TOUT EST DIT

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jeudi 24 juillet 2014

Les Pieds Nickelés de la droite

Un politicien pense à la prochaine élection, reprenait Golda Meir, un homme d’État ne pense qu’à la prochaine génération. À droite, actuellement, personne ne réfléchit à ce que devrait être la France de 2050 ou même celle de 2020. Cela fait longtemps que nos hommes politiques ont déserté le terrain des idées. Le problème, c’est qu’ils ne pensent même pas à la prochaine présidentielle. Pendant ce temps, ceux que l’on présentait jusqu’ici comme les ténors de la droite — mais qui sont en train de devenir de simples castrats — ont abandonné le terrain de la politique pour celui des faits divers. Un jour, c’est l’armoire contenant les fichiers des adhérents qui est retrouvée fracturée. Le lendemain, ce sont les rémunérations de tel ou tel salarié de l’UMP qui se retrouvent exposées sur la place publique. Et le surlendemain, c’est un ancien secrétaire général du parti, accusé d’avoir été à Center Parcs aux frais de l’UMP, obligé de se justifier en sortant la facture qu’il a lui-même acquittée.
Mais où donc la droite est-elle tombée ? Jusqu’où cette descente aux Enfers se prolongera-t-elle ? Tous ceux qui pensaient avoir connu le pire avec la pitoyable guerre Fillon-Copé pour la présidence de l’UMP à l’automne 2012 découvrent avec horreur que la principale alternative à la gauche n’est en fait qu’un tigre de papier. Une sorte de navire en train de sombrer, car les différents capitaines autoproclamés s’envoient des “boules puantes” à la figure plutôt que de fixer un cap, et règlent leurs comptes sur le dos des militants, des sympathisants et des soutiens de la droite qui nourrissent encore de l’espoir pour dans trois ans.
Le pire, c’est que les événements pitoyables qui se déroulent actuellement au sein de l’UMP montrent la vraie nature de ceux qui aspirent aux plus hautes responsabilités et qui prétendent devenir des “hommes d’État”. La haine, la détestation et le climat de violence amènent même tel ancien premier ministre de Sarkozy à envisager de quitter le parti, après y avoir mis le feu, pour ne pas voir son ancien mentor en prendre la présidence. Les mêmes qui évoquaient il y a peu la terre promise de 2017 en sont à jouer les Néron en laissant derrière eux une tragique terre brûlée.
Faut-il que la droite soit vraiment malade pour n’avoir toujours pas compris que les 17 millions de Français qui ont voté pour Nicolas Sarkozy en 2012 attendent d’abord de leurs ténors qu’ils jouent le rôle d’opposants.
Le chômage ne cesse de s’accroître dans des conditions dramatiques en dépit des promesses ridicules formulées par François Hollande. Les comptes publics se détériorent à la vitesse grand V, comme en témoignent les 4 milliards de dépenses non financées engagées par Manuel Valls en trois mois, qui représentent plus du double des économies budgétaires (réelles) annoncées pour 2015. Ce qui montre à quel point les socialistes font de la cavalerie financière, comme les Grecs ou les Portugais avant eux, et comment ils nous envoient dans le mur en klaxonnant. La situation des entreprises ne s’améliore toujours pas. Ce qui n’est pas étonnant compte tenu de l’absence totale de substance du pacte de responsabilité et surtout du manque de confiance dont auraient besoin ceux qui pourraient investir.
Et, sur le plan sociétal, rien ne s’améliore. Après une session du baccalauréat ridicule tellement elle a consisté à donner ce diplôme au plus grand nombre, le ministre de l’Éducation n’a qu’un seul programme : dédramatiser le système de notation français. De la même manière, la garde des Sceaux veut réformer le sort judiciaire des moins de 21 ans en rétablissant une forme “d’excuse de la minorité”. Et, pendant ce temps, François Hollande s’est mué en Albert Lebrun, inaugurant les chrysanthèmes et roulant sur la route du Tour de France.
Notre pays danse sur un volcan. La gauche commence à en prendre conscience. C’est pour cette raison qu’elle se divise. Mais la droite est aux abonnés absents du débat intellectuel, du devoir d’inventer et des réformes à mener. Elle préfère régler des comptes qui n’intéressent que ceux qui jouent les Lorenzaccio au petit pied. Elle se complaît dans la médiocrité d’absurdes querelles de personnes. Elle décourage petit à petit tous ceux qui voyaient encore en elle une alternative à cette majorité socialiste insupportable.
Surtout, elle crée progressivement les conditions pour que le nouveau président de l’UMP, qui sera désigné à la fin novembre, fasse table rase du passé, de l’image désastreuse du parti bleu, blanc, rouge, de ses comptes, de son nom, mais surtout de sa gouvernance, de sa manière de fonctionner et de son plan d’action. En attendant, plus que jamais les Français reprennent à leur compte la boutade de Clemenceau : « En politique, on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables. »

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