- aux avantages du statut des agents SNCF qui "ont un temps de travail inférieur à la durée légale, des hausses de salaire trop rapides ainsi que trop d'embauches et d'avantages en nature", selon le rapport de la Cour des comptes de 2010 ;
- "aux facilités de circulation" (entendre : la gratuité ou les tarifs préférentiels, hérités d'un système vieux de 75 ans accordés à plus de 1 100 000 personnes, dont seulement environ 15% de cheminots en activité) "qui posent problème au regard de l'égalité d'accès au service public ferroviaire pour un impact total sur les comptes de la SNCF estimé à des sommes dépassant significativement 100 millions", selon le rapport de la Cour des comptes de février 2014 ;
- à la contribution de l'Etat (3,3 milliards en 2013) qui finance le régime spécial des cheminots, à savoir un âge moyen de départ en retraite à 55,1 ans à la SNCF en 2011, contre 62 ans pour les salariés du régime général.
samedi 21 juin 2014
SNCF : les dessous de la grève...
Alors que les parlementaires travaillent à l'examen de la réforme ferroviaire, le trafic reste perturbé, empêchant des centaines de milliers de se déplacer, des milliers d'entreprises d'être approvisionnées.
Quel est l'enjeu de ce mal nommé "mouvement social" et que cachent réellement ces jours de grève à répétition ? Pourquoi la CGT et Sud s'entêtent-ils autant alors que d'autres syndicats sont favorables à l'évolution proposée par le gouvernement ?
Le projet de loi propose de stabiliser la dette du secteur ferroviaire et de préparer le secteur à l'ouverture à la concurrence. La CFDT a signé cet accord de modernisation et accepté de négocier une réforme, indispensable, du système ; elle a aussi proposé des amendements qui ont permis d'améliorer le texte. La CGT et Sud Rail, les jusqu'au boutistes de la grève, qu'on pourrait croire hostiles à la concurrence pour des raisons idéologiques, ont décidé, une fois de plus, de prendre en otage les Français.
En y regardant de plus près, on s'aperçoit que la réalité est beaucoup moins "noble" que ce conservatisme archaïque : décidée par une centaine de responsables régionaux de la CGT le 27 mai dernier, cette grève est en fait l'occasion pour la centrale de Montreuil de redorer son blason auprès des salariés, car, à la SNCF comme ailleurs, son pouvoir et son image s'érodent un peu plus chaque année.
La CGT est en effet passée à la SNCF, qui représente son dernier gros bastion syndical, de 44% des voix aux élections professionnelles de 2004 à 35% en 2014. Une perte importante qui démontre que son leadership est clairement menacé. Or le projet de réunification de RFF et de la SNCF diluerait encore un peu plus l'influence de la CGT. Ce mouvement est donc un message de la CGT à destination du Gouvernement et de la Direction de la SNCF afin de maintenir sa prééminence, son pouvoir, et tous les avantages importants liés à ces fonctions syndicales. A la SNCF, la CGT est partout chez elle depuis toujours. Elle dirige 27 des 29 comités d'entreprise sans discontinuer depuis 1946 ! C'est donc la survie même de la CGT qui est en jeu à travers ce conflit, qui génère l'obstination des grévistes.
D'ailleurs, à y regarder de plus près, ce mouvement de grève est paradoxal à plus d'un titre : les revendications (augmentations de salaires, embauches, temps de travail) n'ont strictement rien à voir avec la réforme, puisque le statut de cheminot et les avantages qui lui sont attachés ne sont pas remis en question ; les grévistes sont beaucoup moins nombreux chez ceux qui sont directement concernés par la réforme (14% chez les cheminots de l'Infra) que parmi ceux dont le métier conditionne la circulation des trains (49% de grévistes chez les conducteurs, 50% chez les contrôleurs), métiers dans lesquels 70% des salariés sont syndiqués... troisième paradoxe, l'argument de Sud Rail et de la CGT Cheminots pour qui la réforme serait synonyme de dégradation du service public... Paradoxal, -mais peu surprenant -, quand on voit les conséquences immédiates de ce conflit au quotidien pour les Français.
Pour sortir de cette logique folle de blocage, nous préconisons une réforme courageuse et de grande ampleur. Cette réforme devra s'atteler à un certain nombre de dogmes qui perdurent à la SNCF. Il faudra mettre fin :
Derrière tous ces aspects, on comprend la nécessité de rendre plus transparente la gouvernance de la SNCF. Dans cette entreprise, on achète depuis longtemps la paix sociale, et on masque la réalité. Les Français ont droit à la vérité car ils contribuent chaque jour au financement de cette entreprise. Il serait utile par exemple que la Cour des Comptes se penche sur la gestion des Comités d'Entreprise, comme elle l'a fait pour la RATP. Le budget consacré à ces organismes dépasse les 120 millions d'euros, et va bien au delà de ce que la loi autorise.
Toutes ces réformes sont des évolutions nécessaires au bon fonctionnement de notre démocratie, si on veut avoir demain des "partenaires" (le mot a un sens) sociaux plus représentatifs, et surtout plus indépendants du pouvoir politique. Au regard de la situation financière de la France et de l'exaspération des Français, nous proposons, à la Droite forte, de supprimer le financement public des syndicats qui devraient fonctionner grâce aux cotisations de leurs adhérents, de rétablir la liberté syndicale en permettant à chacun, salarié non-syndiqué, liste de salariés libres, nouveau syndicat, de se présenter aux élections professionnelles (c'est-à-dire casser le monopole syndical issu de la loi du 23 décembre 1946), de rendre public et de plafonner le nombre de fonctionnaires détachés auprès des syndicats.
Il faudrait également définir un statut de l'élu syndical, qui limiterait le nombre et la durée du mandat, et permettrait une démocratie sociale plus vivante. On parle souvent des élus politiques pour dire qu'ils sont trop nombreux, que dire dès lors des 650 000 mandats syndicaux existants dans notre pays ?
Il y a fort à parier que les nombreux corporatismes qui bloquent depuis trop longtemps les réformes en France tenteront de s'opposer à ces évolutions. Si c'est le cas, nous demanderons que les Français puissent se prononcer par référendum sur ces sujets complexes et pourtant majeurs pour notre vivre ensemble. Donner la parole aux Français sera le meilleur moyen de les réconcilier avec le syndicalisme. Ce sera aussi la voie pour réconcilier la démocratie politique et la démocratie sociale. Et sauver le paritarisme.
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