Lendemain de cuite
Comme un goût de cendres dans la bouche… Pénible sensation de malaise qui vous taraude et vous vrille la tête en faisant battre les tempes pour ajouter encore au sentiment de culpabilité qu'éprouvent ceux qui ont dépassé les bornes… Mais bien sûr, c'est ça, tous les symptômes du lendemain de cuite, de la vraie biture avec le trou noir et la nausée des matins tristes. Une cuite prévisible quand on est entre habitués des dérapages des dimanches d'élections. Mais quand même pas à ce point, pas jusqu'à rouler dans les fossés de l'histoire, pas jusqu'à faire sauter tous les tabous en se vautrant dans le rejet de bile amère, en titubant comme un singe en hiver ivre de mensonges et de haine.
Dimanche soir, c'est au café de la démocratie, un bistrot pas toujours bien fréquenté, que nous nous sommes mis les valeurs à l'envers. L'ambiance était tendue, à la limite de faire le coup de poing. On vociférait des propos de comptoir, on s'apostrophait en prétendant ses solutions à la crise infaillibles… On ne s'écoutait plus parler. On se serait cru à la télé un soir d'élection quand les invités s'écharpent, hors sujet, à coups de langue de bois en essayant de nous faire croire que les électeurs sont tous intelligents et que les mots sont un barrage efficace au racisme ordinaire.
Au zinc de la beauferie, le repli sur le village gaulois et ses conséquences dramatiques n'inquiétaient personne. Au fond de la salle, un déçu encore un peu lucide s'époumonait en scandant « On est dans le pétain, on est dans le pétain, on est, on est… » Dire que l'on était le jour de la fête des mères. Amère défaite. Presque effacée dès le lendemain par les malversations à l'UMP.
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