samedi 31 mai 2014
Après le "gros bide"…le grand vide ???
L’agitation est grande, dans les médias comme dans le microcosme politique parisien, après le "séisme" provoqué par le résultat, prévisible, des élections européennes de dimanche dernier.
Chacun sent bien que, après ce scrutin, plus rien ne sera comme avant.
A gauche, le désarroi est immense: le score du Parti Socialiste, désastreux, est le pire de ceux réalisés par ce Parti de Gouvernement à un scrutin national, depuis la création de la Vème République. Le désaveu de Hollande, et de son Parti est brutal.
Mais le score des Partis de "la gauche de la gauche"( car en France, il y a une "extrême-droite, mais il n’y a pas de Partis "d’extrême-Gauche"…) montre qu’il n’y a pas de recours à gauche, devant l’échec d’une politique qui, on le sait depuis le début de ce quinquennat, mène la France dans le mur.
Qui parmi nos "journaleux", a relevé le fait qu’il y a aujourd’hui, plus de chômeurs que d’électeurs socialistes ????
Nous ne nous attarderons pas ici sur les causes de cet échec: à la démagogie congénitale de la gauche française, s’est ajouté le fait qu’elle est parvenue au pouvoir, presque par défaut, avec un programme bricolé dont le coeur reposait sur la vague anti-Sarkozy qu’elle avait su susciter et exploiter habilement.
Le Parti Socialiste, devenu un Parti de notables de Province, coupé de sa base populaire, n’a pas mis à profit les dix années pendant lesquelles il était dans l’opposition, pour travailler, préparer ses dossiers, prendre en compte le nouvel état du monde, analyser les transformations de la société française pour arriver au pouvoir avec un programme réaliste, courageux, et responsable.
Au lieu de cela, on a vu arriver au pouvoir, une bande d’apprentis sorciers, de politiciens bricoleurs, d’amateurs confits dans une culture idéologique d’un autre siècle, imprégnés des idées suicidaires répandues dans le Parti Socialiste par des "think-thanks"tels que "Terra-Nova, évoquées à plusieurs reprises sur ce blog…
Car il faut avoir lu les préconisations du rapport hallucinant de Terra-Nova pour comprendre comment le Parti Socialiste a perdu tout contact avec son électorat populaire. Ce rapport intitulé, "Gauche : quelle majorité électorale pour 2012" , exhibe un cynisme si époustouflant, si décomplexé dans "l’approche marketing" de l’électorat, il explique avec tant d’ingénuité comment manipuler et duper chaque catégorie populaire, ou pourquoi il faut tourner le dos à la classe ouvrière, que je ne puis faire moins que de contribuer à mon tour à sa publicité,
En fait, ce Président dont l’envergure est celle d’un sous-Préfet de province, qui s’est entouré d’une bande d’apparatchiks habiles dans l’art de rédiger des "motions de synthèse", mais dénués de toute culture en économie et de toute expérience en entreprise, a fait preuve d’une incompétence qui s’est traduite par une incohérence et une inefficacité dont les conséquences s’aggravent de semaine en semaine, au point de voir certains éditorialistes se demander si cela pourra encore durer trois ans….
A droite, la situation n’est guère plus brillante. La défaite de Sarkozy a plongé l’UMP dans une minable bataille d’égos, entre ceux qui, après avoir plus ou moins spéculé sur cette défaite, estimaient avoir la légitimité pour recueillir "l’héritage".
Deux hommes portent une lourde responsabilité dans ce "sabordage": Coppé et Fillon incapables de contenir leurs ambitions ont brisé un Parti qui reposait sur un fragile compromis entre les héritiers d’un RPR défunt et des Centristes en déroute….
Comme je l’ai écrit dans un précédent billet, au lendemain de la défaite de Sarkozy, ces deux personnages ont montré qu’aucun d’entre eux n’avait une envergure d’Homme d’Etat, capable de mettre de côté, pendant un temps, ses ambitions personnelles, et de s’élever, pour servir la France, au niveau nécessaire pour organiser une "alternative crédible" à la Gauche au pouvoir.
La victoire du Front national, et, bien pire encore, le score réalisé par les autres formations politiques, constituent un camouflet pour tous ceux qui pensaient pouvoir encore longtemps ignorer la colère d’un "peuple de droite",- car il existe, en France, un "peuple de droite" – qui, depuis trop longtemps, se sentait incompris, ignoré, voire même méprisé…..
L’affaire Bigmalyon vient d’éliminer durablement l’un des deux coupables du déclin de l’UMP.
Un "putsch"de conspirateurs a placé, provisoirement, à la tête du Parti, un triumvirat de vieux chevaux de retour, parmi lesquels, deux d’entre eux ont encore des rêves de poulains de race….
Aucun, dans ce trio, n’a montré dans le passé, des convictions qui permettent d’attendre autre chose qu’une orientation politique ambiguë, une politique à "l’eau tiède", de compromis avec les tenants d’un discours "politiquement correct", que le peuple de droite reçoit avec exaspération.
Il faut attendre ce qui résultera du congrès du Parti, prévu pour Octobre prochain, pour clarifier une situation confuse.
Car il faut être clair: Coppé est "tombé" autant en raison des soupçons qui pèsent sur lui dans "l’affaire Bigmalyon", qu’en raison de ses inclinations en faveur d’une orientation politique dans la ligne de celle de Sarkozy, une ligne qui prenait en compte les messages, qu’à travers le Front National, une fraction croissante du peuple français, envoie à des élus qui refusent de l’entendre….
L’UMP nouvelle mouture ne pourra pas continuer, longtemps encore, à ignorer le glissement de son électorat vers une droite plus ferme, une "droite couillue et décomplexée", une droite s’attaquant enfin aux questions soulevées par le Front National, notamment en matière d’immigration et de souveraineté nationale, face à un "grand machin" européen totalement décrédibilisé dans la plupart des pays d’Europe….
Car il est clair que depuis une dizaine d’années, l’UMP n’est plus réellement représentative du "peuple de droite". Complexée parce que coincée entre une gauche accusatrice, et un Front National qui travaille à sa vampirisation, l’UMP n’a pas su répondre autrement que par une dérive à gauche de l’ensemble du Parti : le Front national a malheureusement réussi à vampiriser de nombreux thèmes de feu le RPR. L’UMP s’est laissée séduire par les idées centristes, alors que le Centre lorgne vers une alliance avec la social-démocratie.
Pendant ce temps, le Front National ratisse les déçus de la Gauche comme ceux de la Droite, et se fait l’interprète des voix populaires aux quels les "Partis de Gouvernement" sont restés sourds….
Fabius a dit un jour que "le Front National pose de bonnes questions, mais propose de mauvaises réponses" !!!
On attend toujours les bonnes réponses des autres Partis, …dont le sien, et celles de l’UMP !!!
Si ces réponses ne sont pas trouvées dans les trois années qui viennent, l’implosion de l’UMP ne pourra être évitée.
Car nous ne sommes plus dans une configuration politique suggérant que "la France veut être gouvernée au Centre". Nous sommes en 2014, et la crise a produit ses effets dans toute l’Europe où l’extrême-droite prospère sur l’impuissance des Partis traditionnels.
A défaut de prendre en compte l’état de l’opinion, 2017 risque de confronter le pays à une situation inédite, avec un Front National au deuxième tour affrontant des adversaires affaiblis par leurs erreurs passées.
Ce serait dramatique. Car si le Front National fait une analyse souvent juste de la situation de la France et sur l’état de sa société, il n’a encore rien compris aux défis économiques qui sont devant nous et au nouvel état du monde que les nouvelles générations vont devoir affronter. Quant aux solutions économiques qu’il propose, elles sont tellement irréalistes qu’elles précipiteraient la France dans un vide sidéral….
Alors ??? Prêts au grand saut dans le vide ????
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire