vendredi 17 janvier 2014
Pitié pour Valérie Trierweiler !
Trompée par le président, humiliée au regard de tous, critiquée sur les réseaux sociaux, la première dame de France attend d'être fixée sur son sort. N'en jetez plus !
À quoi ressemble cette République où l'on voit une première dame hospitalisée pour crise nerveuse et humiliée publiquement ? A-t-on pensé à ce que cette femme pouvait endurer, broyée par un univers politique, dont elle connaît la violence, certes, mais qui lui fait payer au centuple son délicat statut de concubine officielle ? Au moment où elle commençait à trouver sa place et ses marques comme première dame, elle endosse soudainement le rôle ingrat de bouc émissaire.
Il faut lire ce qui se dit sur elle sur les réseaux sociaux, ce qu'on lui fait payer, sa supposée arrogance, son caractère entier, le fameux tweet contre Ségolène Royal... On aurait pu imaginer que son hospitalisation aurait calmé les esprits et suscité une certaine compassion, rien n'y fait : elle doit boire le calice jusqu'à la lie, on se moque, on ricane, on la traite de "fausse victime"... Depuis une semaine, Valérie Trierweiler est l'un des sujets les plus scrutés d'Internet. Pas un jour sans une nouvelle information ou rumeur : on scrute sa tension, on raconte qu'elle n'a jamais été aimée par les Français, qu'elle préparerait déjà sa vengeance, à moins qu'elle ne soit prête à pardonner, elle aurait même tenté un rapprochement avec Ségolène Royal, démenti par l'intéressée... Pendant ce temps, sa rivale est déjà en couverture de Gala et du magazine Elle, consécration quasi officielle pour l'une, disgrâce annoncée pour l'autre, l'étalage d'une trahison aux yeux des Français et du monde. Mais qui peut résister à tout cela ?
L'absence de toute communication officielle depuis plus d'une semaine sur cette affaire laisse une place importante (déraisonnable ?) aux supputations et aux rumeurs. Aux États-Unis, l'affaire aurait été réglée dans les 24 heures avec un communiqué officiel, sans commentaire. Chez nous, le pouvoir alimente un roman feuilleton, un vaudeville qui tourne à la farce, dont la principale victime sera, au bout du compte, une femme, Valérie ou Julie. Et tout le monde semble trouver cela normal...
Ils sont en effet bien rares à oser s'offusquer d'un pareil traitement. Du côté des ministres, le silence est assourdissant. Pourquoi agacer le prince, ou risquer sa place, tant que l'épineuse question n'est pas tranchée... Les réactions viennent d'ailleurs. L'éphémère première dame Cécilia Attias, qui n'avait pas loupé sa sortie à l'époque, a reconnu qu'elle avait une pensée en ce moment pour Valérie Trierweiler. Même solidarité pour Bernard Pivot, le nouveau président de l'académie Goncourt : "Je pense à cette femme, vous imaginez ce qu'elle vit, son infortune, qui est dans tous les journaux, la radio, les télévisions de France et du monde entier ? C'est terrible ce qu'elle vit, c'est épouvantable !" Enfin deux gardiennes des valeurs sont également montées au créneau, chacune à leur manière, critiquant le machisme et l'indélicatesse de François Hollande : Christine Boutin estime que le président traite "sa concubine comme un kleenex", tandis que Geneviève de Fontenay enfonce le clou : "Il n'est plus digne de diriger la France avec un comportement pareil, elle est bafouée publiquement ! estime-t-elle. Elle a quand même été reçue par des chefs d'État et il lui dit maintenant : dégage !"
À force d'attendre, le président joue gros. Les Français n'aiment guère ce flou intime autour de la fonction présidentielle, surtout en temps de crise. Le roman-photo Sarkozy-Carla, entre les pyramides d'Égypte et les ruines de Jordanie, au début de l'année 2008, avait fini par coûter cher à l'ancien chef d'État en termes d'image. L'idylle avait rapidement débouché sur un mariage express à l'Élysée, juste avant un très glamour voyage officiel à Londres. Cinq ans plus tard, l'histoire semble se répéter au plus haut sommet de l'État, sans que personne n'en ait tiré des leçons. Ils font quoi, les conseillers en com ?
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