vendredi 20 décembre 2013
L’insécurité est-elle un sentiment ?
L’insécurité est-elle un sentiment ?
L’ONDPR et l’INSEE ont publié leur enquête annuelle dite de « victimation ». Les chiffres sont éloquents et les Français sans illusions.
L’ONDPR, Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, s’est déjà fait remarquer cette semaine par son rapport sur la part importante des étrangers impliqués dans les vols (voir Présent de mercredi). Des vols en hausse et un « sentiment d’insécurité » qui grandit : plus de 17 % des personnes interrogées disent avoir ressenti ce sentiment, dans leur quartier ou à domicile même.
Aussi 53 % d’entre elles citent la délinquance « parmi les trois problèmes les plus préoccupants dans la société française ».
Les chiffres concernant les vols diffèrent des chiffres officiels : ils seraient deux à trois fois plus élevés que dans les données ministérielles et policières… Plusieurs raisons à cela : d’une part les chiffres officiels sont tripatouillés de façon à minimiser les faits pour ne pas, comme on dit, « faire le lit du Front national », d’autre part 39 % des victimes seulement portent plainte. Les autres ne s’en donnent pas la peine, parce qu’ils doutent fortement de l’efficacité de la démarche. Le pire est qu’ils ont raison : près des trois quarts des ménages qui portent plainte pour vol n’en entendent plus jamais parler ensuite. L’affaire est « classée », si l’on peut dire : elle dort, comme les braves gens sur l’injonction du veilleur.
Typologie du vol
Le modus operandi ? Classique. Les maisons sont plus cambriolées que les appartements. Les voleurs entrent par la porte (54,2 %) ou la fenêtre (22,7 %) et raflent les bijoux en priorité, sans dédaigner le matériel hi-fi, l’argent liquide, les outils de bricolage, les vélos et les vins et spiritueux. Ils opèrent en réseau. Mi-décembre, un réseau de soixante Géorgiens a été démantelé dans toute la France. Ils avaient écumé la Bretagne et l’Aveyron : deux mille vols à leur actif… Mais, comme le déclarait Manuel Valls, surtout, pas d’amalgames ! Pas de lien entre vols et immigration.
L’enquête de l’ONDPR (qui porte sur 14 589 ménages et personnes) donne par ailleurs des chiffres sur les insultes. 1,5 % des personnes interrogées déclarent avoir été victimes d’insultes « à caractère raciste, antisémite ou xénophobe », 4,5 % des femmes d’insultes « à caractère sexiste ». Les associations et le gouvernement font voir là une urgence, l’occasion d’une campagne pédagogico-répressive, et tout ce qui s’ensuit. Le reste n’est que « sentiment », c’est-à-dire subjectivité affective : cette notion de sentiment d’insécurité n’est pas seulement un euphémisme, c’est une tromperie sur la marchandise et une provocation à l’encontre des gens confrontés à des réalités difficiles. Quoi de mieux qu’une urne pour répondre fermement à cette provocation ?
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