TOUT EST DIT

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vendredi 20 décembre 2013

La maison brûle

La maison brûle


La refondation des politiques d’intégration n’est qu’une transfusion culturelle : “faire France”, pour dire “défaire la France”.
Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. On se souvient des mots prononcés par Jacques Chirac au sommet de la Terre de Johannesburg, en septembre 2002. Il parlait de la planète et de la destruction de la nature. Mais c’est chez nous que cela se passe : notre maison brûle, et c’est de la destruction de notre culture qu’il s’agit. Les incendiaires sont parmi nous. Ils ne cachent pas leurs intentions et les ont remises au premier ministre, qui les a lui-même publiées.
Préparez-vous à « l’interculturalité », disent-ils, « mettez à distance » votre « propre cadre de référence culturelle »— autrement dit : cessez de revendiquer votre culture, de vous référer à votre patrimoine ou à votre cadre de vie, car il est temps d’en accueillir un autre : « La société française est métisse et plurielle. » Conséquence logique : « La France devrait assumer la dimension arabo-orientale de son identité et sortir de son attitude postcoloniale. » À la place de notre histoire de France, on apprendra une « histoire de la France commune », mixant notre passé à celui de toutes les immigrations. On est donc prié d’apprendre l’arabe, à côté du français, l’arabe dont l’enseignement doit être « valorisé sur tout le territoire français ». Les rédacteurs vous rassurent : « Si le chinois est une langue d’avenir économique, l’arabe l’est aussi. »
Il ne s’agit là que d’un aperçu. La recommandation visant à réexaminer la législation interdisant le port du voile à l’école n’est qu’un trompe-l’oeil pour masquer l’essentiel. Cette « refondation des politiques d’intégration » n’est rien d’autre qu’une transfusion culturelle au nom d’une vieille expression lyonnaise, déjà utilisée par la démographe Michèle Tribalat, et détournée de son sens : “faire France”, pour dire “défaire la France”. On ne pourra pas prétendre que l’on ne savait pas.
Cette affaire a soulevé une tempête justifiée dans l’opinion. Il fallait s’y attendre : le président de la République a déclaré que ce tissu de propositions ne correspondait pas à sa politique ; et le premier ministre a dû expliquer avec retard qu’il ne se reconnaissait pas dans le contenu de ces rapports. On a traduit : ceux-ci sont donc enterrés et leurs recommandations iront à la corbeille. Le croire serait prendre ses désirs pour la réalité. Ces rapports ne doivent rien au hasard. Ils ont été demandés par le premier ministre et font suite à un précédent rapport sur le même sujet remis à Matignon au mois de février par un conseiller d’État, M. Thierry Tuot. Lequel préconisait déjà nombre des mesures développées par les nouvelles contributions.
Celles-ci ont été encadrées par des fonctionnaires des dix ministères concernés, prêtant locaux et moyens pour leur rédaction. Les auteurs en sont des dirigeants d’associations engagées pour la « mémoire de l’immigration », la « citoyenneté de résidence », l’aide aux sans-papiers, l’assistance aux familles clandestines (comme celle qui protégeait les parents de la jeune Leonarda). Des réseaux subventionnés par l’État et les collectivités, tous dévoués au Parti socialiste et ardents partisans du droit de vote des étrangers aux élections municipales.
Quant à leurs recommandations, loin d’être jetées à la corbeille, elles ne sont pour la plupart qu’un prolongement, voire un aboutissement, de mesures que l’actuel gouvernement a déjà prises ou s’apprête à prendre. Dans le registre de ce qui a été fait : les naturalisations massives et la réforme du droit d’asile, en vue de faciliter le séjour des immigrés irréguliers ; la généralisation de l’aide médicale de l’État (AME) destinée aux seuls étrangers irréguliers, en supprimant son ticket d’entrée ; la suppression du Haut Conseil à l’intégration, qui faisait part (sans doute trop) de ses alarmes quant à la montée des communautarismes ; les injonctions du CSA imposant aux chaînes de radio et de télévision des quasi-quotas de la “diversité” ; l’épuration des programmes d’enseignement de l’histoire, sans parler de tous les interdits de la “néonovlangue” orwellienne qui pèsent sur l’expression publique. On en a eu une illustration le 19 août, lors du séminaire gouvernemental qui se tenait à l’Élysée : le ministre de l’Intérieur avait eu l’imprudence d’évoquer le risque que faisait courir à la France l’islamisation due au regroupement familial. Les ministres réunis restèrent interdits : il avait franchi les limites de l’acceptable !
Mais comment peut-il en être ainsi ? D’où vient cette volonté destructrice ? Deux explications : la haine de soi d’une certaine élite de gauche et le cynisme électoral du Parti socialiste. Il existe heureusement un barrage contre ces dérives : l’article premier de la Constitution, selon lequel les citoyens sont égaux devant la loi « sans distinction d’origine, de race ou de religion ». Ce qui interdit les discriminations au nom d’une idéologie.

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