lundi 14 octobre 2013
Pour que revive l'Ouest
Pour que revive l'Ouest
Monsieur le président de la République, vous connaissez l'Ouest. Vous aimez la Bretagne. De Lorient à Quimper, vous avez mûri votre socialisme au contact d'humanistes de gauche, les « transcourants ». Vous y avez trouvé de bons conseillers (Bernard Poignant), des ministres clés (Bernard Cazeneuve, Jean-Yves Le Drian, Stéphane Le Foll, Guillaume Garot, Marylise Lebranchu), et même - ça tombe bien - un Premier ministre (Jean-Marc Ayrault).
L'Ouest souffre. Se désespère. Doux, PSA, Gad, Alcatel, Zeiss... Il n'est plus de semaine sans un énorme drame social. L'agroalimentaire, la téléphonie et l'automobile, les trois piliers qui l'ont porté, vacillent ensemble.
Coût de l'éloignement des grands marchés ; sous-capitalisation des entreprises pour innover, former et grandir ; décisions arbitrées dans des sièges sociaux lointains ; fiscalité indifférenciée qui pénalise les productions basiques et taxe la sueur des hommes ; addiction anesthésiante aux aides européennes : on connaît les causes de nos malheurs.
Monsieur le président corrézien de la France, une colère territoriale monte. Sociale. Fiscale. Électorale. Boulonnez ferme les portiques de la taxe carbone, ces octrois modernes, inventés par votre prédécesseur, qui rappellent ici l'historique révolte du papier timbré.
Quand tout va mal, l'opinion veut des coupables, ou pire, s'isole dans la résignation. Il n'est plus temps de nous désunir dans la recherche stérile des responsabilités. L'erreur serait d'exploiter politiquement ces colères, chacun à son profit provisoire. De nous épuiser dans des règlements de comptes qui retarderaient les projets et nos chances d'en sortir.
En plus d'être avantagé par la nature, l'Ouest, dans son malheur, dispose de deux atouts : des identités fortes et un sens aigu de la solidarité. Des mots ? Des poncifs ? Sauf que ces valeurs ont fait bondir la Bretagne, la Basse-Normandie et les Pays de la Loire, en cinquante ans, du Moyen-Âge au XXIè siècle.
Contraints à la rigueur, les politiques n'ont plus les moyens de financer ce que n'ont pas financé ceux, à l'exception de quelques Bolloré intuitifs, prospères et persévérants, dont c'est le métier. Mais ils ont le devoir et le pouvoir de fédérer les envies de s'en sortir ensemble.
Avec ces deux atouts, l'Ouest est l'endroit où l'investissement de proximité, dans la filière et l'entreprise d'à côté, a le plus de chances de réussir, pour peu que la collectivité couvre les risques et garantisse une rémunération minimale. L'endroit où l'on serait prêt à transférer de l'épargne financière, thésaurisée pour une retraite incertaine, par des circuits directs vers les technologies porteuses de dividendes humains autant que financiers.
À côté des nobles intentions de la Banque populaire d'investissement, des milliards d'euros continuent d'alimenter des produits d'épargne hors sol et hors réalité. Ce n'est pas à vous, monsieur le Président, qu'on l'apprendra.
Alors, d'une crise faisons une opportunité. Plutôt que de demander à Bercy d'inventer de nouvelles taxes pour financer de nouvelles aides, décuplez les ridicules prérogatives politiques et fiscales des Régions et des Métropoles. Vous qui avez conquis le pouvoir central à partir des provinces, libérez nos pâles collectivités pour en faire des länders à la française, capables de penser le futur.
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