Dernier avertissement !
On aurait grand tort de faire de la victoire du FN, hier, dans la cantonale partielle du Var, un simple « accident de Brignoles », une embardée due à un enjeu modeste. Tout au contraire, il s'agit là d'un dernier avertissement avant les municipales et les européennes. Certes, on se trouvait là en terrain favorable, sinon conquis. Mais le score réalisé par le candidat frontiste Laurent Lopez, 54 % avec une participation en augmentation de 14 % par rapport au premier tour, constitue une sévère interpellation, aussi bien pour le PS, qui additionne les échecs aux partielles, que pour l'UMP, affaiblie dans sa capacité de rassemblement.
Inutile, donc, de s'abandonner aux habituels couplets d'indignation, entre diabolisation du FN et stigmatisation de ses électeurs. Inutile de déplorer les insuffisances d'un front républicain qui n'a fait qu'accréditer l'idée d'une collusion « UMPS ». Les électeurs n'ont que faire de ces grandiloquences et des querelles byzantines sur l'étiquette qu'il convient d'accoler au FN.
Mieux vaudrait admettre que Marine Le Pen, que l'on écoutait en ne voulant voir en elle que le visage honni de son père, est en passe de réussir dans son entreprise de banalisation du FN.
Laurent Lopez, préféré à un cacique frontiste à Brignoles, illustre sa stratégie de renouvellement d'image du parti. Droite et gauche, plutôt que de s'accuser mutuellement d'avoir fait le lit du Front national feraitent mieux d'admettre leurs responsabilités partagées dans l'effondrement de leurs socles électoraux respectifs.
Marine Le Pen siphonne dans le réservoir des déçus de la gauche et des éc'urés de la droite. Elle prospère sur le cimetière des promesses non tenues.
Le moment est venu, pour les partis de gouvernement, d'opérer leur révolution. Face aux fausses solutions du FN, auront-ils le courage de réformer vraiment le pays ? Non-cumul des mandats, réforme fiscale, simplification du mille-feuille administratif, réduction du nombre de parlementaires : autant d'avancées démocratiques qui couperaient la mauvaise herbe sous les pas conquérants de Marine Le Pen.
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