vendredi 13 septembre 2013
Harlem Désir se posera-t-il un jour la question de l'efficacité de la sempiternelle condamnation morale du parti de Marine Le Pen ?
Harlem Désir, premier secrétaire du Parti socialiste a demandé hier, mercredi 11 septembre, à François Fillon de "retirer ses propos". L'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy avait en effet estimé qu'en cas de duel PS/FN à un scrutin local, il conseillerait de "voter pour le moins sectaire".
Maxime Tandonnet : A ma connaissance, François Fillon n’a aucunement parlé de "vote en faveur du parti le moins sectaire" mais indiqué qu’aux élections municipales, entre un candidat PS et un candidat FN, il voterait pour le moins sectaire si l’alternative se présentait.On ne comprend pas l’indignation que cette déclaration suscite dans la mesure où il n’est pas question d’accords nationaux ni locaux. Il est seulement question de prendre en compte dans le vote individuel, la dimension personnelle des candidats, leur attitude non sectaire, c’est-à-dire leur niveau de tolérance et d’ouverture d’esprit, par delà leur étiquette politique. C’est naturel dans le cadre d’une élection locale. Formuler une interdiction morale absolue de voter pour un candidat sous l’étiquette FN à l’occasion d’une élection municipale ne se concevrait que si cette étiquette FN était jugée incompatible avec la démocratie et la République. Or, tel n’est pas le cas puisqu’aucun gouvernement n’a envisagé d’interdire le FN et même le PS n’y songe pas. En outre, considérer que la morale publique, en cas de duel FN-PS impose de voter forcément pour le candidat PS supposerait une supériorité morale absolue et systématique d’un candidat PS. Or de nombreux faits divers ou affaires récentes, impliquant des élus et personnages politiques, y compris ps, soulignent que la perfection est loin d’être de ce monde.
Donner des leçons de moralité n’est pas le meilleur moyen de réagir à la montée du FN dans les sondages et les scrutins. La plupart de ses électeurs manifestent par ce vote leur écœurement face à l’insécurité, au chômage massif, à la corruption, aux difficultés de l’intégration, à l’impuissance publique en général. Ils pensent aussi trouver dans ce vote une réponse à leur inquiétude face à ce qu’ils perçoivent comme le déclin de la France. Ils condamnent la classe politique au pouvoir qu’ils jugent responsable de leur malheur personnel ou de leur exaspération. Quand cette classe politique réagit en leur disant, "ce que vous faites n’est pas bien, n’est pas moral", elle donne à ces électeurs un sentiment d’être infantilisés. Cela ne peut qu’aggraver leur exaspération envers elle et les conforter dans leur choix. L’idée de "front républicain" prônée par le PS et une frange de l’UMP et des centristes est ambiguë car va dans le sens du slogan du FN sur la dénonciation de l’UMPS et ne peut que renforcer le vote en sa faveur en le victimisant et en le présentant comme seul contre tous.
Derrière toutes ces déclarations et postures concernant le FN, il faut voir les calculs électoralistes. Le PS et ses alliés savent que la montée du FN est un facteur décisif de leur maintien au pouvoir grâce aux fameuses triangulaires et ces postures moralisantes sont un moyen de diviser et de paralyser l’opposition tout en soufflant sur les braises du vote FN en aggravant l’exaspération de ses électeurs. Ce n’est pas nouveau : dans l’histoire politique française, le PS n’a pas hésité à pousser en avant le FN quand cela favorisait ses intérêts politiques, comme en 1986, où il choisissait le mode de scrutin proportionnel dans l’objectif d’introduire massivement le FN à l’Assemblée nationale et de priver les républicains modérés de la majorité absolue.
Tout le monde n’est pas à mettre dans le même panier mais il est vrai que le réflexe de la diabolisation, de l’accusation de connivence avec "les idées du FN" est un procédé répandu pour faire taire le contradicteur et éviter le débat de fond. En vérité, l’unique moyen de réagir à la poussée du vote FN, c’est de répondre par le discours, les projets ou les actes politiques aux attentes des électeurs, sur le retour à la sécurité, la reprise de la croissance et de l’emploi, la maîtrise de l’immigration, la réussite de l’intégration des populations étrangères, la fin des cités ghettos et du communautarisme, la lutte contre la corruption, le redressement de l’image de la France dans le monde, le renouvellement de la démocratie, une réforme profonde de l’Europe pour la rendre moins bureaucratique, plus proche des citoyens et des nations. Nul ne croit que ces questions, que personne n’a réussi à traiter efficacement, peuvent se régler d’un coup de baguette magique. Mais les Français, profondément choqués par les combinaisons, calculs, et querelles d’ambition personnelles, attendent des politiques, notamment de l’opposition qu’ils montrent leur détermination à agir efficacement pour le seul bien commun dans tous ces domaines de la vie publique. Il n’existe pas d’autre solution pour tenter de regagner la confiance d’électeurs attirés par le vote FN.
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