TOUT EST DIT

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mardi 10 septembre 2013

Grève pour les retraites : Français, syndicats, gouvernement, tous perdants ?

Alors que la cote de popularité de François Hollande est en berne, la journée de mobilisation du mardi 10 septembre contre la réforme des retraites aurait pu cristalliser tous les mécontentements. Pourtant, elle s'annonce très peu suivie. Francetv info vous explique pourquoi. 

Les syndicats ne devraient pas faire le plein

Il est loin le temps où les syndicats unis pouvaient revendiquer 2,5 à 3 millions de manifestants, contre le projet de loi Woerth, qui a repoussé l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans. C'était il y a trois ans, à trois jours près, le 7 septembre 2010.
Cette fois-ci, les syndicats sont divisés, et la barre des 3 millions apparaît bien trop haute pour être atteinte. Les organisations syndicales reconnaissent à demi-mot que la partie s'annonce compliquée. Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche, Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français, et Olivier Besancenot, du Nouveau Parti anticapitaliste, appellent à rejoindre les manifestations aux côtés de la CGT, de FO, de la FSU et de Solidaires. En revanche, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC (cadres) soutiennent le texte du gouvernement et ne défileront pas.
Pour Guy Groux, directeur de recherche au Centre de recherches politiques de Science Po (Cevipof)"la division syndicale est à l'image de la division de la gauche". De plus, estime-t-il, "si la mobilisation connaît une faible ampleur, c'est avant tout que les bases les plus mobilisables, épargnées par la réforme, n'ont pas de raisons de manifester". Les fonctionnaires et les bénéficiaires des régimes spéciaux, plutôt peu concernés par la réforme, devraient ainsi être beaucoup moins nombreux à défiler qu'habituellement. L'impact de la grève devrait être, de la même façon, assez limité dans les transports, annonce Le Monde

Les Français résignés

61% des Français trouvent justifiées les manifestations de mardi contre la réforme des retraites, selon le baromètre OpinionWay publié dimanche par Metronews.D'après un sondage CSA pour L'Humanité, 81% des interrogés se disent également inquiets pour leur retraite, et 69% jugent que la réforme proposée par le gouvernement va plutôt dans la mauvaise direction. Cependant, ils ne devraient pas être très nombreux à battre le pavé. 
Pour Guy Groux, "l'opinion publique est ambivalente. D'un côté, comme le montrent les sondages, elle est solidaire du mouvement social, mais de l'autre, une partie de la population, par fatalisme, résignation ou conviction, est persuadée de la nécessité d'une réforme et n'ira donc pas manifester."

Le gouvernement prudent

Cette première mobilisation de la rentrée est scrutée de près par le gouvernement, même si ses membres interrogés dimanche se sont montrés confiants. Le ministre du Travail, Michel Sapin, a ainsi minimisé l'importance de la mobilisation, affirmant sur France 5 que les organisateurs de la journée d'action ne visent pas une"confrontation" avec le gouvernement, mais "demandent une modification" du projet de réforme. Il a assuré que le texte n'était "pas figé", même si "les grands principes sont posés".
Cependant, une inconnue demeure et sera tout particulièrement scrutée par le gouvernement : la participation de la jeunesse. La CGT comme FO ne manquent pas de souligner que la réforme cible surtout les jeunes. Un argument relayé par l'UMP. Et même si la rentrée universitaire n'a lieu que fin septembre, l'Unef, le syndicat étudiant majoritaire, a d'ores et déjà appelé à manifester aux côtés de Jeunesse ouvrière chrétienne et de Génération précaire pour dénoncer "43 annuités" qui ne prennent pas "en compte les années de formation et d'insertion"
Pour Guy Groux, "il n'y a aucun risque mardi pour le gouvernement, qui s'est montré extrêmement prudent en préservant les régimes spéciaux et les fonctionnaires." Le gouvernement va-t-il sortir sans égratignures de cette mobilisation ? Pas tout à fait, estime Jean-Marie Pernot, chercheur à l'Institut de recherches économiques et sociales, dans Les Echos : une faible mobilisation "ne sera pas forcément une bonne nouvelle pour le gouvernement. Si la contestation ne s'exprime pas dans la rue, elle risque de s'exprimer plus tard dans les urnes et d'alimenter le vote Front national."



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