TOUT EST DIT

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mardi 10 septembre 2013

Apprendre à user du chéquier

Apprendre à user du chéquier


Si vous vous demandez quels sont les secteurs économiques porteurs en France, cochez, sans hésiter, la case « soutien scolaire ». Et pour le coup, cela ne vous coûtera rien, pas même le tarif horaire moyen (36,50 €) du soutien à domicile ou dans les organismes privés. Plus sérieusement, l’explosion de cette activité du soutien scolaire, qui générerait un chiffre d’affaires annuel de 2,5 milliards d’euros dans notre pays, démontre à la fois la faillite du système éducatif et le fossé qui, toujours, se creuse un peu plus, dès qu’il est question d’éducation, au sein de la société française. Des belles paroles de Jack Lang aux promesses de Nicolas Sarkozy, aucun gouvernement, de gauche comme de droite – laquelle n’a jamais hésité à envoyer sur ce front des ministres centristes qui n’ont pas fait mieux – personne n’a réussi le défi de « l’école de la réussite pour tous ». Le trio Hollande-Ayrault-Peillon ne fera pas mieux. Malgré sa tentative, pour une fois concrète, d’aller plus loin qu’un simple rafistolage avec la loi sur la Refondation de l’école. Subsistent cependant trop les réalités des années 80 plaçant les séries générales au sommet de la pyramide, puis les filières technologiques et, quand on ne sait plus quoi faire de l’élève, la voie professionnelle. Une hiérarchie qui s’est imposée tant parmi le corps enseignant que dans les familles. C’est ce système qui aboutit au fait qu’un collégien sur cinq et un lycéen sur trois ont, selon un sondage TNS Sofres, recours au soutien scolaire. Les enseignants sont mal payés et peu considérés ? Alors qu’eux-mêmes peinent à transmettre leur foi en l’Éducation nationale, il ne faut pas s’étonner que les Marchands du Temple aient trouvé une porte d’entrée. Loin de la solidarité entre voisins qui prévalait il y a plusieurs décennies – et pouvait rapporter quelques pièces – le soutien scolaire est aujourd’hui une activité organisée. Méritant même le statut d’auto-entrepreneur, qui « est un gage de sérieux (du marketing) pour inciter les prospects à vous contacter », précise un site spécialisé. Le sujet est tabou, mais deux réalités s’imposent : tandis que les familles qui en ont les moyens ont, souvent à tort, l’impression de pallier, moyennant un beau chèque, aux manquements de l’Éducation nationale, certains enseignants trouvent aussi dans le soutien scolaire une source, pas toujours déclarée, de revenus complémentaires.

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