lundi 16 septembre 2013
François Hollande sur TF1 : une intervention télévisée en guise de preuve de vie
Pourquoi un président de la République s’invite-t-il sur les petits écrans ? Comme l’ont précisé, par la suite, la plupart des commentateurs, c’était sa première intervention télévisée depuis le 14 juillet. Deux mois, c’est évidemment long, tellement long que les Français étaient en manque. Il y avait eu, la veille et l’avant-veille, des millions
d’hommes et de femmes dans les rues avec des pancartes, des sifflets et surtout des cris : « Nous voulons l’entendre ! Nous avons besoin de ses paroles, de son baume apaisant, de sa sagesse inébranlable, de sa volonté farouche... » Hier soir, il est venu, le divin président. Et qu’a-t-il révélé aux Français émerveillés ? Que c’est grâce à la France - c’est-à-dire à Hollande – que les Russes épouvantés ont forcé Bachar El Assad à accepter, sur le papier, de livrer ses armes chimiques. Sans cela, la France – c’est-à-dire Hollande – frappait Damas dans ses organes vitaux, renversait le régime honni, et notre chef bien-aimé aurait atterri en libérateur devant la mosquée des Omeyyades, sous les vivats d’une foule en délire, honni soit qui Mali pense. Grâce donc à la France – et à Hollande – un accord russo-américain s’est fait, mais attention, Poutine et Obama : la France - c’est-à-dire Hollande – garde l’arme aux pieds et l’épée hors du fourreau. Suspense à la Damoclès.
Sur le reste, Hollande n’avait rien à dire, mais il l’a dit. Pas d’impôts nouveaux, pas de retour aux heures supplémentaires défiscalisées mais des aménagements pour les humbles et les bas salaires, la courbe du chômage va s’inverser à la fin de l’année mais l’essentiel est qu’elle ne reparte pas vers le haut en 2014 ; c’est terrible ce qui s’est passé à Nice, mais la Justice doit garder le contrôle. En 2002, scoop bouleversant, révélation fulgurante : face à Le Pen, il a voté Chirac. Sans faiblir et sans hésitation.
Trente-neuf minutes où un homme, au demeurant sympathique, avenant, disert, a répondu à des bribes de questions aussi gentilles que lui, pour répéter à ses administrés que tout va bien, que nous sommes sur le bon chemin, qu’il espère être réélu puisque son programme tient sur dix ans et que même si la cuisine économique ressortait plus d’un discours de technicien de Bercy que d’une homélie de chef d’Etat, l’essentiel, somme toute, c’est qu’il est là, sûr de lui, calme et qu’il est bien président de la République, puisqu’il est là. Nous n’avons donc aucune raison de n’être pas, à notre tour, rassurés et sereins.
Pourquoi donc est-il venu hier soir puisqu’il n’avait rien de nouveau à annoncer ? Parce que les sondages, parce que la com’, parce que Marine, parce que le bijoutier, parce que l’avenir, parce que les retraites, parce que les impôts. Ses conseillers lui ayant communiqué les inquiétudes, les frustrations, les peurs et les colères des Français, il a jugé que la nécessité de faire un cours d’éducation politique, même archi connu, était préférable au silence que des esprits chagrins auraient interprété comme aveu d’inaction. Hier soir, c’était l’annonce faite aux marris et, surtout, comme on dit pour les otages, une preuve de vie.
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