RMC : Toujours la chronique des affaires : de nouveaux éléments accréditent le soupçon sur l'arbitrage favorable à Bernard Tapie et la Cour de cassation pourrait dessaisir les juges de l'affaire Bettencourt. Vous en tirez cette conclusion en forme de parti pris : Oui, Nicolas Sarkozy est bien la cible des juges. Pourquoi ?
mardi 18 juin 2013
Oui, Nicolas Sarkozy est bien la cible des juges !
Hervé Gattegno : Il ne s'agit pas de dire qu'il y aurait un complot, ni une "campagne orchestrée" comme l'a dit Jean-Pierre Raffarin. Mais on ne peut pas faire semblant de ne pas voir qu'il y a une volonté convergente des juges saisis des grandes affaires du moment pour impliquer à tout prix Nicolas Sarkozy - la justice est aveugle, pas les observateurs... C'est d'autant plus frappant qu'il est censé être protégé par l'immunité présidentielle pour les décisions prises durant son mandat et que les charges n'apparaissent pas toujours très solides - en tout cas pour l'instant. Donc on ne peut pas dire que Nicolas Sarkozy soit une victime, mais il est certain qu'il est une cible.
C'est le sens des réquisitions de l'avocat général qui demande à la Cour de cassation de dessaisir les juges de l'affaire Bettencourt ? Vous pensez qu'ils ont commis des fautes ?
C'est à la Cour de le dire. Mais tous ceux qui connaissent ce dossier ont été stupéfaits de la focalisation des juges sur Nicolas Sarkozy. L'argument de la proximité avec l'un des experts n'est pas convaincant : on ne voit pas en quoi ça aurait infléchi le cours de l'enquête. Mais que les juges eux-mêmes aient répliqué par voie de presse aux attaques des avocats est plus qu'incongru. L'avocat du juge Gentil a comparé Nicolas Sarkozy à un "monarque". C'est vrai qu'un ancien président n'est pas au-dessus des lois, mais pour ce qui est du devoir de neutralité, les juges, eux, ont été en dessous de tout.
Dans l'enquête sur l'arbitrage Tapie, est-ce que vous percevez la même volonté de mettre en cause Nicolas Sarkozy ?
Elle est évidente, mais à ce stade, elle paraît plus le fait du pouvoir politique que des magistrats.Plusieurs ministres ont mis en cause Nicolas Sarkozy d'une façon brouillonne et précipitée. Or Le Monde d'hier montrait bien qu'il y a un faisceau d'indices (et même quelques débuts de preuves) que l'arbitrage ait été vicié, corrompu - au moins au sens moral du terme. Alors, que Nicolas Sarkozy ait pris la décision de recourir à un arbitrage dans ce litige est vraisemblable. Mais : 1. Ce n'est pas en soi un délit. 2. C'est une décision qui relevait de son pouvoir de président, donc il ne peut pas être poursuivi parce que la séparation des pouvoirs interdit à la justice de contester les décisions de l'exécutif.
Que l'État ait appuyé le maintien de Stéphane Richard à la tête d'Orange, malgré sa mise en examen dans cette affaire, ça vous paraît un bon choix ?
La cohérence ne saute pas aux yeux. Stéphane Richard est un patron apprécié, mais François Hollande justifie son soutien par l'intérêt de l'entreprise. Or dans cette affaire, il semble que beaucoup d'éléments précis le mettent en cause - Christine Lagarde l'accuse de l'avoir dupée, voire d'avoir commis un faux. S'il y a bien eu escroquerie, Stéphane Richard y a forcément pris part. Mais si on le maintient en fonction, c'est qu'on n'en est pas encore sûr. La leçon de tout cela, c'est que dans cette affaire comme dans toutes, il faut chercher les responsables jusqu'au plus haut niveau et éviter les polémiques... de bas étage
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