mercredi 6 février 2013
L'Europe, ambition française
L'Europe, ambition française
En s'adressant, hier, aux députés européens, François Hollande s'est livré à un exercice qu'il affectionne. Dire ses convictions ¯ « Je crois en l'Europe » ¯ à un auditoire qui, pour l'essentiel, les partage.
Annoncer un cap, approfondir l'intégration, permettant, a priori, de surmonter les clivages. Sans entrer toutefois dans le vif d'un sujet qui divise, les moyens d'y parvenir.
À Strasbourg, François Hollande s'est clairement inscrit dans la tradition sociale-démocrate, favorable à l'aventure européenne.
Il a parlé d'intégration et de solidarité. De renforcement de l'Union sur tous les thèmes principaux, de la monnaie à la défense en passant par la culture. Il s'est déclaré favorable à l'organisation d'un vaste débat en Europe, à l'occasion des prochaines élections européennes de 2014, sur la nature de cet approfondissement.
Bref, c'est un Européen convaincu que les députés ont pu entendre.
Pour un président français, cela ne va pas nécessairement de soi. La construction européenne a beau être le principal trophée de la diplomatie française depuis la guerre, les divisions sur l'Europe sont, culturellement et idéologiquement, profondes dans l'Hexagone. Y compris au sein du propre parti du Président, le Parti socialiste.
Le référendum de 2005 l'a bien montré. Il était difficile, hier, de voir dans le chef de l'État l'ancien secrétaire d'un parti si fortement habité par le « nonisme ».
Plus généralement, ces divisions reflètent une tension qui parcourt l'histoire française depuis la grande rupture de la Révolution. À savoir, la difficile conciliation entre valeurs universalistes et ressort nationaliste.
Sur la question européenne, la France a un rôle particulier (pas nécessairement exceptionnel) à jouer et à assumer.
Car elle doit elle-même surmonter une contradiction. Elle est à la fois l'un des principaux berceaux du nationalisme moderne. Elle se veut aussi un moteur essentiel de la construction européenne dont la fonction est justement de surmonter les divisions meurtrières des siècles passés.
Cette tension, François Hollande l'a, en quelque sorte, apaisée hier.
En étant attentif aux prérogatives démocratiques du Parlement européen, seule institution élue au suffrage universel.
En demandant un compromis « raisonnable » sur le budget.
En mettant en garde contre la défiance des peuples, plus pernicieuse aujourd'hui que la défense des marchés.
En évoquant un vrai budget pour la zone euro.
En laissant entendre une disponibilité pour des réformes institutionnelles après l'échéance de 2014.
Ces choix marquent un changement incontestable par rapport au quinquennat précédent. C'est aussi une façon de manifester un respect pour le Parlement européen qui, pour la première fois, va avoir un droit de veto sur les discussions budgétaires.
Pour autant, réaffirmer l'ambition européenne de la France ne suffit pas.
Si le président français ne veut pas donner le sentiment d'avoir uniquement tenu aux députés européens des propos qu'ils voulaient entendre, il va devoir porter au Conseil européen cette même vision.
Et là, l'ambition va se mesurer sur des contenus précis.
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