TOUT EST DIT

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samedi 23 février 2013

Casse-toi pauv’canasson

Casse-toi pauv’canasson


« A quoi bon gagner la Lune, si l'homme vient à perdre la Terre. » (François Mauriac) Drôle d'anniversaire pour le Salon de l'agriculture qui débute alors que la fraude géante au cheval maquillé en b'uf n'a pas encore quitté l'actualité. Et comme un avatar n'arrive jamais seul, l'autorisation des farines animales pour les élevages de poissons vient rouvrir dans nos mémoires le traumatisme de la vache folle. Submergé par des débats trop partisans pour être clairs, le grand public a besoin de points de repères. C'est le moment ou jamais pour les producteurs d'enfiler les marinières et de nous jouer le grand air du Made in France comme antidote à celui de la calomnie. Pour convaincre que ce « chevalgate » vient du business plus que des filières, la qualité et la transparence seront leurs meilleurs instruments.
Les questions sur l'origine de la viande pousseront comme chiendent durant ces jours de rencontre entre citadins et agriculteurs. Car si les éleveurs investissent beaucoup chaque année pour expliquer leur travail durant le salon, les consommateurs, crise après crise, ont fini par assimiler la multiplication des labels et les garanties sur la traçabilité à une habileté de communication.
Pourtant, les contradictions ne sont pas que du côté des producteurs. Le retour aux sources des familles qui viennent au salon pour retrouver la ferme de papa est fort sympathique mais bien éloigné de la réalité de nos terroirs. On ne peut pas être nostalgique des vaches dans le pré, des cochons aux patates, des poules sur le tas de fumier, du paysan aux mains calleuses qui trime pour survivre et le lendemain aller faire ses courses à l'hyper en cherchant la cuisse de dinde en barquette la moins chère. Les agriculteurs d'aujourd'hui se sont spécialisés, contraints par un marché de la qualité trop cher, donc trop restreint pour rémunérer leur travail.
Plus que les grands discours, des donneurs de leçons qui n'existent que dans les crises, c'est de la raison qu'il faut produire dans ce pays qui si souvent parle de ses agriculteurs mais n'y pense jamais. Ce n'est qu'à ce prix que nous remettrons de la couleur dans le plaisir. La couleur de la vie.

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