TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 19 janvier 2013

Rendement de l'assurance vie : Madame est (des)servie !


Après un taux moyen de 3.00% servi en 2011, l'assurance vie passera en dessous de ce seuil en 2012, signant ainsi une onzième année consécutive de baisse des rendements. L'assurance vie pourrait pâtir d'une concurrence encore plus frontale avec le livret A, même avec un taux abaissé à 1.75%.
Les premiers taux de rendement communiqués ne sont jamais les plus mauvais. Ils donnent néanmoins déjà une tendance : la baisse est certes modérée, mais le taux moyen servi passera bien en dessous des 3% en 2012, loin des 5.3% servis en 2001.
Avec un plafond du livret A relevé à 22950 euros et du LDD à 12000 euros, l'attractivité de l'assurance vie perd de plus en plus de terrain. Et même avec un taux abaissé à 1.75% le 1er février, le livret A garde de sa superbe, étant net de fiscalité, ce qui n'est pas le cas des taux communiqués par les assureurs, qui sont nets de frais de gestion, mais bruts de prélèvements sociaux.
Tony dans "Madame est servie"...souvenirs
Concurrence avec le livret A
Spécialiste de l'assurance, Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet Facts & Figures prend ainsi l'exemple suivant dans une de ces lettres : "un rendement de 2.70% sur un fonds en euros en 2012 conduirait à un revenu net de prélèvements sociaux de 2.28% (soit quasiment le livret A), en sachant qu'en outre les versements en assurance vie supportent encore pour la plupart des frais à l'entrée, à amortir sur la durée de vie de chaque versement".
Sur la concurrence entre les placements, Jérôme Grivet, directeur général de Crédit Agricole Assurances, joue quant à lui la carte de l'optimisme: "Rappelons que la performance de l'assurance vie, placement de long terme, s'évalue dans la durée. Celle-ci reste significativement supérieure au rendement de la plupart des autres produits d'épargne en France", déclare-t-il dans un communiqué.
Il reste par ailleurs à connaître l'issue du rapport sur l'épargne longue piloté par Karine Berger et Dominique Lefebvre, rendu à la fin du mois, qui pourrait encourager l'épargne de long terme.
Un effet de base positif
Cyrille Chartier-Kastler estime actuellement que le taux moyen servi en 2012 atteindra 2.85%, contre 3.00% en 2011.
Une baisse circonscrite, qui peut s'expliquer par une sorte d'effet de base positif : "il faut bien se rappeler que le rendement 2011 a été pénalisé par la dépréciation à hauteur de 73% de la valeur nominale des obligations souveraines grecques en portefeuille. En retirant cet événement exceptionnel, on repart d'une base de rendement "réel" qu'on peut situer entre 3.30% et 3.40% pour 2011". Hors "événement exceptionnel", la baisse serait donc bien plus importante.
Des taux entre 2.50% et 3.90%
A ce jour, la fourchette de baisse se situe entre -0.05% (Compte épargne Maaf) et -0.35% (ACMN Vie fonds Internet Opportunités).
Plusieurs contrats affichent des taux identiques à ceux de l'an passé, à l'instar de ceux d'AxaFrance, qui sert toujours 3.00% à 3.70% selon les "bonus" obtenus, du Conservateur (3.50%), du contrat Winalto de Maaf (3.20%) ou de nombreux contrats de Crédit Agricole et de LCL.
D'autres se permettent une petite folie, en augmentant très légèrement leurs taux, comme l'Afer (+0.02%), Predissime 9 de Crédit Agricole (+0.1%), Lionvie Vert Equateur de LCL (+0.1%), Matmut Vie Epargne (+0.20%), ou encore le Nouveau Cap de Maif (+0.05%)
Au final, hors contrats PERP, le taux le plus élevé à ce jour est servi sur le contrat multisupports Sérénipierre distribué par Primonial et assuré par le Crédit Mutuel Arkéa, qui se permet le luxe d'offrir 4.15%. Un taux qui est le privilège d'un contrat lancé début 2012 et dont le fonds en euros est investi à 87% dans l'immobilier tertiaire. Et Cap Découverte de Crédit Agricole est actuellement le plus bas, à 2.50%.
De grands absents
Plusieurs grandes compagnies comme Allianz, Generali ou Groupama n'ont pas encore annoncé leurs taux, qui font en général baisser la moyenne. En effet, les contrats qui supportent des encours importants sont plus difficiles à manœuvrer en terme de gestion d'actifs. Il est en effet plus aisé de servir un taux attractif lorsque l'encours d'un contrat s'élève à quelques dizaines de millions d'euros, que lorsqu'il s'agit d'un paquebot de plusieurs milliards d'euros.
CNP Assurances, assureur des contrats de La Banque Postale et des Caisses d'Epargne,avait annoncé l'été dernier qu'il servirait 2,70%, mais il n'a pas encore officialisé ses taux.
Sans compter sur les contrats fermés à la souscription ou anciens, qui sont généralement plus faiblement rémunérés que les contrats "phares" des compagnies et qui figurent rarement dans leurs campagnes de communication.
Une réserve de secours
Les différences de taux de rendement se feront également en fonction des dotations ou des reprises de PPE (provision pour participation aux excédents) des assureurs. Cette provision, abondée les "bonnes" années, est ponctionnée les années de vaches maigres pour lisser les taux dans le temps.
Après l'avoir utilisée pour servir ses taux 2011, GMF Vie annonce avoir renforcé sa PPE, qui représente fin 2012 une réserve de rendement égale à 1,6% des encours, contre 1,3% fin 2011.
Reprise également en 2011, MACSF communique une PPE égale à 158 millions d'euros à fin 2012. Le Conservateur a aussi doté sa PPE en 2012, qui passe d'environ 1% à 1,3%.
Quant à la MIF, elle explique que "La PPE, régulièrement dotée au cours de ces dernières années, n'est que faiblement sollicitée et demeure donc d'un niveau important, représentant fin 2012 2,75% de l'encours".
De tristes pronostics pour 2013
Cyrille Chartier-Kastler pronostique une poursuite de la baisse des taux en 2013 : "en prenant en compte la situation financière actuelle, on peut estimer que le rendement des fonds en euros devrait baisser aux alentours de 2.50% à 2.60% (avec un schéma extrême à 2.20% dans l'hypothèse d'une poursuite de la baisse du rendement des OAT)".
De son côté, Jean-François Bay, directeur général de Morningstar France, estime que "La compétition entre le livret A et le fonds en euros risque d'être rude dans les prochains mois mais inégale : le livret A devrait l'emporter haut la main face à une assurance vie qui devra affronter des vents contraires. Ne serait-ce qu'en terme de rendement net de la fiscalité, et selon nos estimations, si les taux à long terme restent sur leurs niveaux actuels et que l'inflation suit la remontée du prix des matières premières, on pourrait se retrouver en 2013 avec un rendement brut des fonds en euros inférieur à celui du livret A. Net de la fiscalité, le rendement des fonds en euros atteindrait péniblement les 2% !", écrivait-il dans une lettre d'août 2012.
 

0 commentaires: