La sortie de crise est-elle pour bientôt en Europe ? C'est en tout cas le message que certaines annonces rassurantes tentent de faire passer. Mario Draghi promettant de "tout faire" pour sauver l'euro, et les pays des Balkans montrant la voie de la croissance après l’austérité.
Le taux de chômage des jeunes et le taux de chômage à long terme sont encore très élevés et largement au dessus des niveaux d'avant la crise.
Le graphique ci-dessous compare les taux de chômage de longue durée en Europe en 2007 et 2011 (l'année la plus récente pour laquelle des chiffres sont disponibles). Les pays du Sud et des Balkans apparaissent clairement comme les grands perdants de la crise, avec une explosion du chômage à long terme. Au contraire, le taux a diminué en Allemagne, en Pologne et en Belgique.
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Le taux de chômage des jeunes au sortir des études est lui aussi inquiétant : il a augmenté à peu près partout en dehors de l'Allemagne. Le graphique ci-dessous représente le pourcentages de jeunes qui ne sont ni employés, ni en cours d'études, ni en formation.
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Atlantico a demandé son avis à Jean-Yves Archer, président de de Archer 58 Research, une société de recherches économiques fondée en mai 2012.Voir le profil et les contributions de Jean-Yves Archer en cliquant ici.
Atlantico : Sauvegarde de l'euro, détente sur les marchés obligataires pour les pays du Sud... La situation en zone euro semble s'être stabilisée depuis plusieurs mois et les annonces de Mario Draghi, notamment depuis qu'il a annoncé le lancement du programme Outright Monetary Transactions (OMT) (1). Mais cet "euro-enthousiasme" décrit est-il surtout relatif à la partie financière et monétaire de la crise ?
Jean-Yves Archer: La crise que nous traversons est véritablement multiforme. Elle est d'abord financière par les niveaux d'endettement, qu'ils soient publics ou privés. La BCE a très habilement œuvré mais son bilan comporte désormais des créances sur des États souverains dont certains frôlent l'insolvabilité. La qualité du bilan du prêteur en dernier ressort est donc un vrai sujet. Rien ne permet de dire haut et fort que la crise de l'euro est une affaire classée.
Puis l'euro-enthousiasme ( le fameux "crise exit " ou "crexit " ) est une vue de l'esprit pour qui songe à l'ampleur du chômage de masse sur notre continent. Plus de 19 millions de personnes sont sans-emploi avec une durée de chômage de plus en plus longue. En moyenne, près d'un an. La crise sociale et humaine est une variable qui pèse significativement sur la demande et aussi sur la propension à investir des entreprises.
La Banque centrale européenne est parvenue à colmater les effets de la crise financière et monétaire. Mais peut-elle agir sur l'économie réelle ?
La BCE prête à 1% ( grâce aux LTRO ) aux banques intra-entreprises. Dans le cas de la banque que détient Volkswagen, cela a permis à ce constructeur de prêter à des taux très bas à ses clients. D'où un avantage concurrentiel et un soutien à la demande. A l'inverse, la banque de PSA est contrainte de demander une caution de 7 milliards d'euros à l’État.Dès lors, il est exact que la BCE puisse contribuer à restaurer des éléments de croissance mais uniquement là où les exploitations sont saines.
A la vue des deux graphiques, les pays du sud de l'Europe sont fortement plus touchés que ceux du nord. La fin de la crise passera-t-elle par une convergence entre le sud et le nord ? Cette convergence est-elle possible ?
La convergence décidée par le politique peut être d'ordre fiscale et budgétaire voire bancaire ( projet d'Union bancaire ). En revanche, la fin de la crise passera davantage par le redémarrage d'une ou deux grandes économies motrices en Europe plutôt que par une convergence entre l'arc sud et le nord. De plus, l'Allemagne vient d'abaisser ses prévisions de croissance à 0,2% pour 2013 ce qui repousse à l'été 2014 l'espoir – que nous avons tous – de voir la situation vraiment s'améliorer. Quant au chômage, sa décrue valable ne sera pas enregistrée avant la rentrée 2014. Dire autre chose est toujours possible mais guère crédible.
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(1) Le programme Outright Monetary Transaction a été lancé par Mario Draghi, alors président de la BCE, en septembre 2012 pour intervenir de manière illimitée sur les marchés de la dette afin de diminuer les taux d'intérêts élevés auxquels font face les États du Sud.
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