mercredi 30 janvier 2013
La bataille contre le « mariage pour tous » a commencé à l’Assemblée
La bataille contre le « mariage pour tous » a commencé à l’Assemblée
Comme si la peur les paralysait… Ce mardi 29 janvier, l’Assemblée nationale devait entamer vers 16 heures l’examen du projet de loi « ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe ». Les opposants ont introduit une avalanche d’amendements, plus de 5 000, ce qui fait anticiper par les médias une bataille rude, une opposition frontale. Si quinze jours de débats âpres sont attendus – le vote étant annoncé pour le carnaval, 12 février, veille des Cendres – il serait bien excessif de présenter cela comme une vraie bataille contre le « mariage » gay.
La plupart des amendements émanant de l’UMP, et même de ceux de ses députés qui ont le plus fortement clamé leur identité de vues avec celles des marcheurs de la « Manif pour tous », visent à substituer au « mariage pour tous » un contrat d’alliance civile. François Fillon est leur porte-drapeau mais Jean-François Copé présente un amendement quasiment identique. Et les grands noms de l’opposition font de même, à quelques détails près – mais j’avoue ne pas avoir eu le temps de lire l’ensemble des amendements !
Gilbert Collard, pour sa part, ne parle pas d’alliance civile mais a déposé, à titre individuel, un amendement réclamant une amélioration du PACS.
Avec Marion Maréchal-Le Pen, il co-signe – à plusieurs reprises avec Jacques Bompard – d’autres amendements visant à limiter les effets du « mariage pour tous » sur le droit d’entrée des étrangers sur le territoire français ou à modifier la rédaction du projet de loi.
Mais cette bataille est celle d’une opposition quasiment battue d’avance. Elle ne se bat pas sur le terrain du rejet pur et simple de la loi – ce qui aurait pu être le cas en demandant une seule modification du texte, faisant préciser par le code civil que « le mariage est l’union d’un homme et d’une femme ». Cette modification est certes demandée par voie d’amendement au projet de loi, et c’est très bien.
Mais est-ce vraiment à l’opposition d’aller ensuite dans le sens de ce dernier – adoption et filiation exceptées – en tartinant des amendements qui visent à créer un pseudo-mariage pour les couples de même sexe, avec des droits et des devoirs pompés sur ceux du mariage ? On sait bien que ce nouveau petit pas vers la reconnaissance absolue des unions homosexuelles préparera les suivants. Comme le PACS a préparé la loi Taubira.
On me dira : c’est une façon d’éviter le pire. Et que de toute façon tout est déjà joué, alors cela vaut la peine de tenter d’éliminer du projet ses aspects les plus épouvantables à propos de la filiation.
Comme je l’ai écrit ici à plusieurs reprises, c’est la « porte de sortie » défendue par Frigide Barjot, s’alignant sur les propositions UMP, qu’elle a subrepticement introduite parmi les demandes du collectif « La Manif pour tous ». Elle l’a encore fait samedi lors d’états-généraux pour l’enfance à Lyon où elle déclarait, selon un compte rendu de cette réunion :
« Frigide Barjot nous a fait un compte rendu rapide du rendez-vous à l’Elysée, ce vendredi, où elle s’est rendue avec, notamment, Laurence Tcheng (“la gauche pour le mariage républicain”). La conclusion : Hollande, qui s’est fait piéger par sa promesse électorale, ne cédera que sous la pression et en lui laissant une porte de sortie (dissocier une loi sur “l’union” des personnes de même sexe de la notion de mariage et de l’adoption qui conduit inéluctablement à la PMA et à la GPA). Donc, poursuivre la mobilisation. »
La mobilisation s’est poursuivie mardi matin dans Paris, mais, me souffle-t-on, pas celle-là. Des bannières en défense du vrai mariage ont fleuri sur tous les ponts, sans réclamer l’alliance civile !
Il faut bien comprendre en effet que la reconnaissance sociale des unions, ou des « alliances » homosexuelles, visant à les placer juridiquement sur le même plan exactement que le mariage homme-femme, hormis la filiation, remplit déjà pour une grande part l’objectif numéro un des partisans du « mariage » des homosexuels : rendre impossible toute critique morale ou sociale du comportement homosexuel et préparer le terrain à la persécution de ceux qui s’y risqueraient. C’est déjà une acceptation de la théorie du genre. Et c’est déjà inacceptable. C’est déjà refuser le débat de fond, qui consisterait à soutenir et montrer que les unions homosexuelles n’ouvrent pas de soi droit aux avantages consentis par la société au mariage, son socle, à qui elle doit sa stabilité et sa survie, et qu’il est de son devoir de protéger.
Les milliers d’amendements de l’opposition, la majorité entend les combattre de pied ferme – on a même instauré un « tour de garde » pour éviter « tout incident grave » (écrit l’AFP) comme celui qui avait eu lieu lors de la discussion du PACS en 1998 : trop peu nombreux en séance, les députés socialistes avaient laissé l’opposition adopter une motion d’irrecevabilité.
Mais le président de la commission des lois, Jean-Jacques Urvoas, a déclaré avoir « l’intuition » que les débats ne dureront pas les deux semaines prévues : « Pour faire de l’obstruction, il faut des obstructeurs. Ils n’ont pas les troupes nécessaires. »
L’opposition ambiguë dans son fond serait elle aussi molle dans sa forme ?
Il faut noter qu’Henri Guaino a prévu de déposer une motion de rejet préalable qui, adoptée, ouvrirait un débat préliminaire sur la constitutionnalité du texte. Mais il se range lui aussi derrière les partisans de l’alliance civile.
Laurent Waucquiez, quant à lui, défendra la motion référendaire : le fait de réclamer un référendum est sans doute l’un des seuls vrais freins de procédure à l’adoption rapide de la loi sur le « mariage » des homosexuels.
Ce n’est que la pression de la rue qui pourra obtenir cela. A condition de rester claire sur ses objectifs.
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