samedi 22 décembre 2012
Les créanciers, victimes oubliées
Les créanciers, victimes oubliées
La posture est immuable. À l’approche de Noël, chaque année en
France, les bons esprits se tordent les mains et essuient une larme sur
les oubliés de la société. Qu’il s’agisse des anciens pauvres, des
nouveaux pauvres, des largués, des paumés ou des oubliés, de tous ceux
que notre « civilisation » marchande broie avant de les marginaliser.
Que l’on se rassure : la compassion de la France statutaire s’estompera
bien vite après la fête de saint Étienne. Bénévoles et associations
reprendront alors le collier de la solidarité.
L’économie
française, lourdement fiscalisée avec 57 % de prélèvements obligatoires,
est aussi largement redistributrice. Après quatre années de crise,
beaucoup conviennent que c’est ce modèle qui a permis à la population de
notre pays d’encaisser la baisse du niveau de vie, l’envol du
sous-emploi et le mur de l’insertion professionnelle. Ce qui n’a pas
empêché le quart-monde de conquérir les talus du périphérique.
Pour
ceux des ménages qui parviennent à rester dans le circuit économique,
les budgets peuvent se tendre terriblement. L’explosion des impayés de
loyers, de charges ou de dettes de toutes natures fait ses premières
victimes naturellement chez les débiteurs : angoisse du lendemain, peur
d’être expulsé, sentiment de déclassement sont autant de drames que ne
peuvent pratiquement pas comprendre ceux qui ne les ont pas vécus
L’autre
famille de victimes, dont on parle très peu, sont les créanciers
eux-mêmes. Non pas tant les grands opérateurs de logements ou d’énergie.
Leur taille leur confère une certaine résistance et la plupart d’entre
eux sont à même de traiter et d’aménager les dettes de leurs clients. Il
n’en va pas de même pour les propriétaires privés, le plus souvent à la
tête d’un patrimoine limité qui assure au moins une part de leur
revenu. Dans leur cas, les impayés minent la confiance, réduisent la
valeur des biens et dissuadent l’investissement. Un effet en boucle qui,
malheureusement, se retournera contre les locataires et les démunis.
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