vendredi 10 janvier 2014
Ils voient des quenelles partout
Ils voient des quenelles partout
Qui aurait dit il y a encore quelques semaines qu’il y avait tant de gens qui faisaient des « quenelles » en France ? Plus une personne en vue qui n’ait pas sa photo de quenelle… De Tony Parker à Pierre Bergé en passant par Anelka et Yann Barthès, l’animateur de Canal Plus.
Le délire lui, et l’hystérie collective sont en train d’atteindre des sommets, des cimes rarement explorées, pour une spécialité culinaire qui à l’origine n’a pas de quoi rendre fou qui que ce soit. Deux lycéens ont été placés en garde à vue lundi soir pendant plusieurs heures pour la photographie d’une « quenelle » qui remonte à décembre dernier. La photo avait été prise à l’intérieur de leur établissement scolaire, le lycée Rosa-Parks de Montgeron, dans l’Essonne. Leur prof de maths qui « s’est sentie visée par ce geste », a porté plainte contre eux pour « apologie de crime contre l’humanité ». Rien que ça.
C’est sous cette hallucinante qualification qu’ils ont été placés en garde à vue. Les deux élèves doivent passer en conseil de discipline jeudi, en vue de leur exclusion. Coups de couteau, harcèlement, insultes, rackets (et jolis gestes éloquents à toute heure) sont le lot quotidien des établissements scolaires, nous explique-t-on à longueur de rapports officiels. Mais ce sont ces deux lycéens qu’il faut coller au poteau.
« C’était un geste antisystème, c’était pour se rebeller un peu. J’ai pas réfléchi, il n’y avait pas d’arrière-pensée », se défend Aurélien, le lycéen qui a pris la photo.
Sa mère, « qui ne cautionne pas son geste », ne comprend néanmoins pas la réaction de leur professeur : « On m’a laissé entendre qu’il était potentiellement dangereux ! Il y a des demi-mesures, quand même… »
Pas de larmoiements ni de manif de lycéens comme pour Léonarda ce coup-là. Pas de soutien, ni de protestation. Le ministre de l’Education nationale Vincent Peillon s’est félicité que ces élèves soient sanctionnés. Le militant politique Alain Jakubowicz, président de la Licra, a été moins ridicule. Il a qualifié cette garde à vue d’« absurde ».
Paranoïa aiguë
Mardi matin, c’est l’une des boutiques parisiennes de vêtements Diesel, avenue de l’Opéra (Ier) qui a dû subitement fermer ses portes après de multiples menaces de mort. En cause : la posture plus que suspecte de l’un de ses mannequins en vitrine. D’après des photos diffusées sur les réseaux sociaux, le modèle féminin (qui se tient le bras) reproduirait sans erreur possible une « quenelle »…
« Il n’y a pas d’erreur, c’est le signe nazi de la quenelle. Le responsable de cette boutique Diesel a volontairement positionné son mannequin en vitrine pour faire ce signe antisémite » a écrit sur son site Europe Israël.
Au siège de Diesel, on en est malade : Il s’agit de la simple « posture » d’un mannequin pré-moulé, représentant une femme avec un bras orienté vers le bas, destiné à présenter un sac à main », se justifie François Ridoret, le directeur de la communication de la marque de vêtements. « En trente-cinq ans d’existence, l’enseigne a toujours eu le plus grand souci de respecter toutes les religions et communautés (…) C’est juste grotesque ! »
Grotesque, oui. Néanmoins Diesel a décidé de retirer tous les « mannequins litigieux ». Maintenant c’est bras ballants obligatoires à quelques centimètres du tronc. Comme le portrait officiel de François Hollande dans les mairies.
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