Les candidats français à l'exil fiscal se bousculent aux portes des
agences immobilières internationales et des cabinets d'avocats
spécialisés depuis que le gouvernement a annoncé une série de mesures
pour taxer les grosses fortunes.
L'acteur Gérard Depardieu, le patron de LVMH Bernard Arnault ou encore
le fondateur du groupe lunettier français Alain Afflelou ne sont pas les
seuls à chercher à quitter la France, de nombreux cadres et
entrepreneurs aux profils variés cherchant à les imiter depuis cet été.
"Les impôts sont tout simplement trop élevés", estime l'avocat
fiscaliste parisien Patrick Michaud, qui évoque la nouvelle tranche
d'imposition à 75% pour les revenus annuels supérieurs à un million
d'euros et l'impôt sur la fortune comme raisons invoquées par les
candidats à l'exil fiscal.
En Belgique, par exemple, il n'y a ni ISF, ni taxation des plus-values
mobilières et les droits de succession y sont plus faibles qu'en France,
même si les salariés belges sont beaucoup plus taxés que leur
homologues français.
Philippe Bruneau, président du cercle des fiscalistes français, estime
qu'"aujourd'hui ce n'est pas seulement l'argent qui quitte le pays, ce
sont aussi les cerveaux".
"L'âge moyen a beaucoup baissé, et beaucoup de jeunes gens qui ont créé
des entreprises en France vendent pour en créer d'autres ailleurs",
a-t-il déclaré à Reuters.
"Nous enregistrons effectivement beaucoup plus de demandes qu'avant mais
tous ne franchissent pas le pas", confie un avocat fiscaliste à Lyon
qui a requis l'anonymat.
"Une minorité seulement concrétise finalement ce projet de départ, mais
ils sont quand même plus nombreux qu'avant à quitter la France", observe
cet avocat.
SPÉCIFICITÉS SELON LES PROFILS ET LES PAYS
Dans les bureaux suisses de Barnes, groupe international spécialisé dans
l'immobilier haut de gamme, 68 clients se sont présentés depuis cet
été, et huit ventes ont déjà été réalisées. En Belgique, l'agence a
rencontré 34 clients depuis trois mois, dont sept qui ont loué des
appartements en urgence à Bruxelles.
A Londres, la demande serait telle que le Lycée français n'accepterait
plus d'inscriptions. Interrogé par Reuters, le Lycée français de Londres
a dit "ne pas avoir le droit de communiquer" sur le sujet.
"Cela illustre le niveau d'inquiétude des gens, qui sont prêts à partir
avec leur famille et rescolariser leurs enfants en plein milieu
d'année", estime Thibault de Saint Vincent, président de Barnes.
Agents immobiliers et fiscalistes relèvent de vraies spécificités dans
les demandes des candidats à l'exil selon leurs profils, leurs besoins
et les pays d'accueil.
"A New York et à Londres, ce sont des cadres supérieurs ou des
entrepreneurs avec un profil plutôt financier. En Suisse, ce sont des
retraités et des rentiers. En Belgique, on va retrouver des
entrepreneurs ayant vendu leur société et souhaitant développer des
projets ou désireux de poursuivre leur activité en France en prenant le
Thalys tous les jours", note Thibault de Saint Vincent.
"Il y a également les petits entrepreneurs dans les services de
proximité tels que la restauration ou la coiffure, qui vendent leurs
activités en France avec le projet de redémarrer leur entreprise
ailleurs. On retrouve davantage ce type à Miami, au Canada ou en
Israël", ajoute le président de Barnes.
"S'INTÉRESSER PLUTÔT À LA FRAUDE FISCALE"
La fiscalité ne constitue cependant pas la seule motivation à l'exil,
l'intervention du gouvernement dans la gestion de sociétés privées étant
également mal perçue, remarquent des fiscalistes et des agents
immobiliers.
Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg avait défendu
l'idée d'une nationalisation temporaire du site ArcelorMittal de
Florange et le gouvernement chercherait à intervenir dans le dossier
Alcatel-Lucent, suite à l'accord de crédit conclu par l'équipementier
télécoms avec Crédit suisse et Goldman Sachs.
L'exil d'entrepreneurs n'est pas sans conséquences économiques - en plus
des pertes de recettes fiscales consécutives à leur non imposition en
France - et sociales puisque ces derniers disposent d'un pouvoir d'achat
supérieur à la moyenne et emploient du personnel de maison.
En réponse à cet exil, le ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac a
suggéré l'idée de taxer en France les expatriés français qui bénéficient
d'une imposition plus clémente.
"Je ne suis pas certain que cette idée passe très bien à Bruxelles ou
auprès des autorités des autres pays européens", a dit à Reuters un
expatrié français de 36 ans travaillant dans le conseil et installé à
Londres.
"En outre, je pense qu'il devrait s'intéresser davantage à la fraude et à
l'évasion fiscales plutôt qu'aux expatriés partant en toute légalité.
Je me suis laissé dire que certains possédaient des comptes bancaires
cachés en Suisse..."
samedi 22 décembre 2012
Les candidats à l'exil fiscal plus nombreux et aux profils variés
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire